Bonjour,
Un petit survol des films de l'été, par ordre chronologique des sorties (qui n'est pas l'ordre dans lequel je les ai vus).
Mes notes :
LLLLL : Chef d'oeuvre absolu (pour moi le dernier c'était "Parle avec elle" d'Almodovar... en 2002 !)
LLLL : Bravo
LLL : Bien
LL : Pas mal
L : Bof
o : Hélas
30 Juin
"Tournée" (Mathieu Amalric) L
Une des déceptions de l'été. Tout désarçonne. On ne comprend pas pourquoi on appelle les numéros de ces stripteases du New Burlesque : ces femmes non formatées ne sont pas ridicules, elles sont magnifiques. Malheureusement, un montage à la serpe nous empêche de voir donc de comprendre un numéro entier. Pire, on zappe tellement d'une femme à l'autre qu'elles n'arrivent pas à constituer des personnages à part entière. Enfin, il n'y a pas un seul plan de bien cadré, on dirait du Cassavetes très mal digéré... Comment ce film a-t-il pu obtenir le Prix de la mise en scène à Cannes, prix qui récompense souvent de meilleurs films que la Palme d'or (*) ?
7 Juillet
"Petits meurtres à l'anglaise" (Jonathan Lynn) LLL
C'est un savoureux remake de "Cible émouvante" de Pierre Salvadori, une des meilleures comédies françaises des années 1990. D'ailleurs en VO le film s'appelle "Wild target". Le film est assez respectueux de l'original, donc très drôle. Les rôles de Jean Rochefort (tueur à gages-vieux garçon-sentimental), Marie Trintignant (cible émouvante) et Guillaume Depardieu (apprenti-tueur) sont respectivement tenus avec brio par Bill Nighy, Emily Blunt et Rupert Grint.
Rétrospective Pierre Etaix LLL
Les films burlesques de Pierre Etaix, réalisés dans les années 1960 et invisibles pendant plus de 20 ans pour d'obscures questions de droits, ont constitué une des gourmandises du festival de La Rochelle cette année (compte-rendu à suivre). Si vous n'en voyez qu'un, je vous conseille "Le Grand amour", le plus drôle, très poétique sur un thème rebattu (un homme marié fantasme sur sa nouvelle et jeune secrétaire). L'intégrale de Pierre Etaix (5 longs et 3 courts) sort en DVD à l'automne.
14 Juillet
"L'Autre monde" (Gilles Marchand) L
Deuxième film de Gilles Marchand, l'heureux réalisateur de "Qui a tué Bambi" et heureux scénariste de "Harry, un ami qui vous veut du bien". Vraiment pas terrible, malgré les interprètes (Grégoire Leprince-Ringuet, Pauline Etienne, Melvil Poupaud), et le splendide dos callipyge de miss Louise Bourgoin. Les jeux dangereux en bagnole, resucée de "La Fureur de vivre", ne sont plus vraiment crédibles à notre époque. Un film un peu réac sur le fond (Internet montré que du mauvais côté) et assez insipide sur la forme (n'est pas David Lynch qui veut).
"Toy story 3" (Lee Unkrich) LLL
Mon premier Pixar a été "Toy story 2", et ça m'avait bien marqué. Une dizaine d'années et de films plus tard, ça tient encore la route. La série se bonifie avec le temps, l'idée de départ est toujours géniale, et le film est épatant. Un des meilleurs films de divertissement de l'année, où le second degré n'efface jamais le premier. Par contre, la vision en 3D n'apporte pas grand chose, et vous pouvez le voir en 2D (ce qui vous fera économiser 2 euros) sans perdre le plaisir.
21 Juillet
"Yo tambien" (Alvaro Pastor, Antonio Naharro) LLL
Un film sur la différence, qui montre le rapprochement entre un mongolien surdoué (diplômé, spirituel) et une femme "normale". Il y a plein de choses super bien vues, un des films les plus émouvants de l'été, mais sans grosses ficelles. Très belles interprétations de Pablo Pineda et Lola Duenas (déjà remarquée chez Almodovar, dans "Volver").
4 Août
"Un poison violent" (Katell Quillévéré) LL
Premier amour et première foi (sans s) d'une adolescente de 14 ans. Moi le mécréant ai été plutôt touché par cette histoire. Les votants aux Cesar remarqueront les seconds rôles de Lio (à contre-emploi) et Michel Galabru et surtout Clara Augarde en (très) jeune espoir féminin. Un film néanmoins surestimé par la critique.
11 Août
"L'Arbre" (Julie Bertuccelli) LLL
En ouverture du festival de La Rochelle, ce film (de genre) m'a surpris (de la part de la réalisatrice de "Depuis qu'Otar est parti") et favorablement impressionné. Un film constamment à la lisière (si j'ose dire) du fantastique ; la fillette de 8 ans (Morgana Davies) joue étonnamment bien.
18 Août
"D'amour et d'eau fraîche" (Isabelle Czajka) LLL
En seulement deux films ("L'année suivante" et celui-ci), Isabelle Czajka a imposé son style, qui montre l'absurdité du mercantilisme, de la (dis)société de consommation et, disons-le, du capitalisme, tout en racontant une véritable histoire (elle ne théorise pas). En étudiante Bac+5 qui cherche un emploi de commerciale, Anaïs Demoustier est très bien (comme d'habitude). La deuxième partie du film n'égale pas la première, malgré le charisme irrésistible de Pio Marmaï.
"Crime d'amour" (Alain Corneau) L
J'ai vu le film avant le décès d'Alain Corneau, et je ne l'ai pas trouvé terrible. Même un Chabrol au sommet de la paresse ferait beaucoup mieux. Au départ, tout sonne faux, même si c'est un peu normal dans le milieu inhumain des cadres d'une multinationale. Ensuite, le scénario est carré (ce qui n'est pas si mal), sauf à la toute fin. En résumé, malgré Ludivine Sagnier, un film qui laisse un peu sur la faim.
Bref, si vous voulez (re)voir du Corneau, je vous conseille "Le Choix des armes" (1981), avec une distribution du tonnerre (Gérard Depardieu, Yves Montand, Catherine Deneuve, Gérard Lanvin, Richard Anconina), ou "Les Mots bleus" (2005), un film avec Sylvie Testud et Sergi Lopez qui m'a beaucoup touché.
"Cleveland contre Wall Street" (Jean-Stéphane Bron) LLL
2010 est décidément une année riche en documentaires ! La crise des subprimes expliquée à ma fille, ou presque... Le 11 janvier 2008, Josh Cohen et ses associés, avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice les 21 banques qu'ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent leur ville... Grâce à une armée d'avocats, Wall Street parvient à bloquer la procédure. Alors Jean-Stéphane Bron décide de créer ce procès devant sa caméra. Tout est identique à un vrai procès (avocats de l'accusation et de la défense, témoins, jurés), et rien n'a été écrit d'avance : le réalisateur a découvert les témoignages au fur et à mesure qu'il les filmait, sans parler du verdict...
25 Août
"Le Bruit des glaçons" (Bertrand Blier) LL
Le titre est déjà du pur Blier. Un écrivain alcoolique (Jean Dujardin) reçoit la visite de son cancer (Albert Dupontel). C'est très noir, je l'ai vu le lendemain de la mort d'Alain Corneau et le soir même du décès de Laurent Fignon, et c'est très grinçant. Même si ce n'est pas le Blier de la grande époque ("Beau-père", "Trop belle pour toi", "Merci la vie"), on est content d'avoir de ses nouvelles...
"Poetry" (Lee Chang-dong) LLL
Une sexagénaire vit dans des conditions modestes avec son petit-fils adolescent. Aide à domicile pour des personnes plus âgées qu'elle, elle s'inscrit à un cours de poésie, puis découvre que son petit-fils a participé à une tournante... Le film a eu le prix du scénario à Cannes, mais c'est surtout la lumière de ce très beau personnage de femme qui émeut, au milieu du sordide. Un des grands films de l'année !
(*) A titre d'exemples :
"Les moissons du ciel" (mise en scène Cannes 1979) > "Apocalypse now" (Palme d'or 1979)
"Fargo" (mise en scène Cannes 1996) > "Secrets et mensonges" (Palme d'or 1996)
"Le Général" (mise en scène Cannes 1998) > "L'Eternité et un jour" (Palme d'or 1998)
"Tout sur ma mère" (mise en scène Cannes 1999) > "Rosetta" (Palme d'or 1999)
"Yi yi" (mise en scène Cannes 2000) > "Dancer in the dark" (Palme d'or 2000)
"Mulholland Drive" (mise en scène Cannes 2001) > "La Chambre du fils" (Palme d'or 2001)
"Ivre de femmes et de peinture" (mise en scène Cannes 2002) > "Le Pianiste" (Palme d'or 2002)
"Exils" (mise en scène Cannes 2004) > "Fahrenheit 9/11" (Palme d'or 2004)
"Caché" (mise en scène Cannes 2005) > "L'Enfant" (Palme d'or 2005)
"Le Scaphandre et le papillon" (mise en scène Cannes 2007) > "4 mois, 3 semaines et 2 jours" (Palme d'or 2007)
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