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Les films de mai/juin et quelques autres

Suggestion de fête

Nouveaux films :

  • Bien : Air doll (Hirokazu Kore-Eda), Les Femmes de mes amis (Hong Sang-soo), Policier, adjectif (Corneliu Porumboiu), Les Petits ruisseaux (Pascal Rabaté)
  • Pas mal : Nannerl, la soeur de Mozart (René Féret), When you're strange (Tom DiCillo), L'Illusionniste (Sylvain Chomet), 8th Wonderland (Nicolas Alberny, Jean Mach), Les Secrets (Raja Amari), Les Mains en l'air (Romain Goupil), L'Enfance du mal (Olivier Coussemacq), Année bissextile (Michael Rowe), Lola (Brillante Mendoza)
Reprises :
  • Bravo : Les Moissons du ciel (Terrence Malick)
  • Bien : Les Trois jours du condor (Sydney Pollack), Ces messieurs-dames (Pietro Germi), Traître sur commande (Martin Ritt), Crime passionnel (Otto Preminger)
  • Pas mal : Les Chaussons rouges (Michael Powell, Emeric Pressburger)
Par ordre chronologique inverse de mes découvertes :

J'y allais sans être convaincu d'avance, et j'ai été agréablement surpris par Les Petits ruisseaux de Pascal Rabaté (sorti le 23 juin), sur la vie amoureuse et sexuelle des seniors. Le thème avait déjà été excellemment traité par Andreas Dresen dans Septième ciel (un de mes films préférés de 2008), et j'avais peur que le film de Pascal Rabaté, inpsiré de sa propre BD (que je n'ai pas lue) souffre de la comparaison. En fait, si le début est presque franchouillard, avec le personnage de Philippe Nahon, la suite est une alchimie étonnante de crudité et de pudeur. Le film convainc de plus en plus, au fur et à mesure de son déroulement, par son culot et sa finesse. Bulle Ogier et Hélène Vincent sont très bien, mais Daniel Prévost est formidable dans un registre inattendu et mérite à lui seul le détour. Plus que pas mal.

Un documentaire musical sur les Doors, par le réalisateur sympathique de Ca tourne à Manhattan ? Pourquoi pas ! Malgré un fil rouge désarçonnant (des images, dont on ne comprend pas bien le statut, d'une ballade en voiture d'un Jim Morrisson méconnaissable) et des extraits musicaux trop courts, le documentaire When you're strange (sorti le 9 juin) est de belle facture. Moi qui écoutais leur dernier album (L.A. Woman, avec Riders on the storm) sans connaître leur histoire, j'ai appris pas mal de choses. Et, anecdotiquement, je trouve que Jim Morrisson a une petite ressemblance physique et vocale avec Bertrand Cantat, deux chanteurs intelligents et charismatiques qui ont pourtant détruit leur vie...

J'attendais beaucoup de L'Illusionniste (sorti le 16 juin), le nouveau film de Sylvain Chomet (le réalisateur des Triplettes de Belleville), sur un scénario de Jacques Tati (dont j'adore Jour de fête et Mon oncle). Le film raconte l'histoire d'un illusionniste à la fin des années 50, ringardisé dans les music-halls par le rock naissant. Seule une jeune fille écossaise, à l'âge indéfinissable (ce qui est gênant), l'apprécie et se lie d'amitié avec lui. Les films de Jacques Tati ne sont pas réacs, Mon oncle est par exemple une satire réussie de la société de consommation, un film écolo avant l'heure, mais le film de Sylvain Chomet est curieusement passéiste. Certains gags, drôles en chair et en os, sont moins impressionnants dans un film d'animation. Quelques réserves donc mais un film globalement agréable.

Air doll de Hirokazu Kore-Eda (sorti le 16 juin) raconte l'histoire d'une poupée gonflable qui prend vie ! Cela pourrait être trivial, et même s'il ne recule devant rien, ce film fantastique a paradoxalement son côté existentiel et interroge rien moins que la condition humaine, particulièrement l'ultra-moderne solitude urbaine. Le tout dans le rythme faussement indolent cher au cinéaste. Sans atteindre le sommet d'After life, c'est l'un des meilleurs films de la période. Gonflé mais pas gonflant.

J'ai réalisé il y a peu que les rééditions de classiques bénéficiaient de sorties nationales, comme les nouveautés. Et comme ils sont souvent disponibles en DVD, ma rubrique "Reprise" n'est pas tout à fait inutile !

"Ressorti" il y a quelques mois, Les Chaussons rouges est le film le plus connu de Michael Powell, mais ce n'est pas mon préféré. C'est un drame de la danse, qui ne manque pas de style, mais qui me semble plus lourd que certains autres films de lui que j'adore (Le Voleur de Bagdad, Une question de vie ou de mort, Le Voyeur). Et sur un thème voisin, je lui préfère Une étoile est née de George Cukor...

Les Moissons du ciel de Terrence Malick, ressorti le 16 juin, prix mérité de la mise en scène au festival de Cannes 1979, est une splendeur. La musique d'Ennio Morricone, les images superbes de Nestor Almendros, tant sur les visages que sur la nature, transcendent l'histoire, et encore le tout est encore meilleur que les parties. L'histoire ? C'est celle d'un ouvrier fondeur qui quitte Chicago pour se faire embaucher par un riche propriétaire terrien comme ouvrier agricole, avec sa petite soeur, et sa petite amie qu'il fait passer pour son autre soeur. La suite, allez la découvrir en salle, car c'est magnifique.

Année bissextile, sorti le 16 juin, est le film qui a reçu la Caméra d'or (récompensant le meilleur premier film) au dernier festival de Cannes. C'est la rencontre d'une femme avec un homme SM. Enfin lui dans le rôle sadique et elle gratifiée du rôle maso. Formellement, c'est très réussi et (dé)culotté. Sur le fond j'ai quand même du mal à ne serait-ce que comprendre les motivations du mec...

Figurez-vous que Wolfgang Amadeus Mozart avait une grande soeur musicienne prodige (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Nannerl_Mozart). En plus de ses talents d'interprète, le film de René Féret Nannerl, la soeur de Mozart (sorti le 9 juin) lui prête une liaison royale et des talents de compositrice. On retrouve la même mise en scène dépouillée que celle qui avait illuminé Comme une étoile dans la nuit (le précédent film de René Féret, l'un de mes préférés de 2008), mais cela ne sert pas forcément toujours le sujet. Un film néanmoins attachant.

Romain Goupil raconte la période sombre que nous subissons en France avec les rafles de sans-papiers, mais à travers les tribulations d'un groupe d'enfants de 10-12 ans. Je me méfie des leçons politiques de Goupil (je me souviens de ses prises de position atlantistes de 2003, voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Romain_Goupil), mais là ça va. Le film est sympathique, et le personnage joué par Valeria Bruni-Tedeschi (dont le beauf est qui vous savez) est savoureux. C'était le premier de Goupil que je voyais et cinématographiquement, c'est quelconque mais pas laid. Et le titre Les Mains en l'air est très bien trouvé !

J'ai rattrapé Crime passionnel, un film noir d'Otto Preminger que je n'avais pas encore vu. Femme fatale il y a, criminel aussi, mais pas forcément celle et celui que le début laisse présager. Avec un excellent Dana Andrews, aussi bon que dans Laura ou Mark Dixon, détective.

J'ai aussi beaucoup aimé Traître sur commande (The Molly Maguires) de Martin Ritt, sorte de Germinal d'outre-atlantique. L'histoire d'une société secrète de mineurs qui sabote les exploitations et est infiltrée par un arriviste... Très bonne interprétation de Sean Connery, Richard Harris et Samantha Eggar.

Ces messieurs-dames de Pietro Germi, qui a partagé la Palme d'or du festival de Cannes 1966 avec Un homme et une femme, n'est pas très connu, à tort. C'est une savoureuse comédie de moeurs innénarrable (ça tombe bien, j'avais la flemme de raconter) qui mérite le détour.

Retour au cinéma contemporain avec Les Femmes de mes amis (sorti le 5 mai) de Hong Sang-Soo. Tous les films de Hong Sang-Soo pourraient s'intituler Ivre de femmes et de biture (pour parodier un autre film sud-coréen), mais le cinéaste est inégal. Ce film-ci est une réussite, sans qu'on sache pourquoi les uns sont savoureux et les autres sont moyens. Bref, là je suis touché et amusé...

Sorti le 19 mai, Les Secrets est un film à la lisière du fantatisque réalisé par la tunisienne Raja Amari. Une sorte de huis-clos étouffant parabole de la condition de certaines femmes en Tunisie. J'ai un peu de mal avec la fin (que je ne raconterai pas plus que le début !), mais Hafsia Herzi trouve là son meilleur rôle depuis La Graine et le mulet.

8th Wonderland, sorti le 12 mai, est un film intéressant. Il imagine des activistes qui construisent un pays virtuel (le 8th Wonderland du titre), un genre de formidable réseau qui entend agir dans le monde réel. Les réalisateurs (Nicolas Alberny et Jean Mach) ont choisi de ne pas en faire un pays utopique (par exemple la peine de mort n'y est pas interdite), mais sans épargner non plus les horreurs du monde réel. Pas toujours convaincant formellement (par exemple tout est doublé en français), mais plutôt grinçant.

Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu (sorti le 19 mai) est un polar minimaliste très intéressant. Un jeune policier est chargé de filer un lycéen soupçonné de trafic de haschich. Les scènes de filature se succèdent mais l'essentiel est ailleurs. Deux scènes sont irrésistibles : un délicieux ping-pong verbal entre le jeune policier et sa femme, et surtout sa confrontation avec son supérieur hiérarchique (interprété par Vlad Ivanov, le médecin de 4 mois, 3 semaines et 2 jours), où l'on comprend le titre malicieux du film. Un très bon exercice de style.

Beaucoup de cinéphiles parlent de Brillante Mendoza, alors je suis allé voir son dernier film Lola, sorti le 5 mai. L'histoire croisée de deux grands-mères liées par un fait divers : le petit-fils de l'une a tué le petit-fils de l'autre (mobile : un portable). Les scènes sont assez attendues, même si le film décrit aussi la misère de ce pays, les Philippines, miséreux et au climat assez difficile. Estimable oui mais passionnant non.

Auparavant, j'étais allé voir en avant première (avec présence du réalisateur) L'Enfance du mal, le premier film d'Olivier Coussemacq, sorti le 12 mai. Une jeune fille (Anaïs Demoustier, toujours très bien) s'incruste chez un couple de bourgeois (lui est avocat), formidablement interprétés par Pascal Greggory et la trop rare Ludmila Mikaël. Je ne peux pas en dire plus mais le film est très psychologique, trop en fait, et le personnage secondaire joué par Sylvian Dieuaide est peu convaincant. Mais le film ne manque pas de style.

Enfin, si vous avez l'occasion, vous pouvez (re)découvrir Les Trois jours du condor, de Sydney Pollack, un thriller parano avec Robert Redford, qui interprète un employé de la CIA qui épluche les romans policiers pour y déceler d'éventuelles allusions codées à des activités criminelles, et qui va se faire dépasser par les événements. Dès les premières minutes le ton est donné, et le film ne faiblira pas...

Version imprimable | Films de 2010 | Le Dimanche 27/06/2010 | 0 commentaires




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