Mots-clés : Ethan et Joel Coen, Javier Bardem, Vincent Dietschy, Géraldine Pailhas, Ken Loach, Ang Lee, Tony Leung, Tang Wei, Tim Burton, Johnny Depp, Gilbert Melki, Grégoire Colin, Mélanie Laurent, Sean Penn
) **** NO COUNTRY FOR OLD MEN (Ethan et Joel Coen, 23 jan)
Morales possibles du film : méfiez-vous de l’argent qui tombe du ciel, et ne contrariez pas un type qui n’a pas d’humour. Si vous anticipez ce qui se passe sur l’écran, alors vous êtes un psychopathe. Et si vous comprenez (tout) le film, alors vous êtes les frères Coen, et c’est vous qui l’avez réalisé. Si vous êtes ni l’un ni les autres, vous prendrez quand même un immense plaisir à savourer chaque seconde de ce nouvel opus de la fratrie surdouée, dans la lignée de Fargo et The Barber, et en même temps unique, sorte de Nuit du chasseur qui serait revisitée par David Lynch. Un chef-d’œuvre pouvant réconcilier cinéphiles purs et durs et amateurs de films d’action. Inracontable. Irrécupérable. Irréfutable.
) *** DIDINE (Vincent Dietschy, 23 jan)
Didine est le diminutif d’Alexandrine, célibataire (par choix) de 35 ans, incarnée par l’excellente Géraldine Pailhas (Les Randonneurs, La Parenthèse enchantée). Lors de l’hospitalisation de sa meilleure amie, elle rencontre une association de soutien aux personnes âgées, et va s’ouvrir davantage aux autres. Ce deuxième film, à dominante comique, est une réussite. Chaque personnage a l’attention du réalisateur. Quant au scénario, écrit par Anne Le Ny (Ceux qui restent), il est tout en nuances, échappant aux rails trop déterministes ou linéaires. En effet, comme dans la vraie vie, ce qui advient échappe en grande partie aux prévisions des personnages comme à celles des spectateurs. Un film touchant et revivifiant.
) *** IT’S A FREE WORLD (Ken Loach, 2 jan)
Si Ken Loach est un cinéaste politique, son manichéisme n’est en revanche qu’une légende. Dans sa filmographie historique (ex : Land and freedom, Le Vent se lève) comme contemporaine (ex : The Navigators), s’il se situe du bon côté, il n’hésite pas à confronter des points de vue contradictoires à propos des fins et des moyens. Ici, les contradictions sont au cœur du personnage principal, une employée spécialisée dans le recrutement, qui se fait virer, et décide de se mettre à son compte. Lassée d’être dominée, elle veut sa part du côté des dominants. Mais le libéralisme n’est au service que des plus hauts placés dans la pyramide. Vu de France, un excellent film d’anticipation si les propositions d’un Attali sont mises en application …
) *** LUST, CAUTION (Ang Lee, 16 jan)
Des étudiants chinois organisent l’assassinat de M. Yee, collaborateur des services secrets japonais en Chine durant la Seconde Guerre mondiale. Comédiens en herbe, ils demandent à l’une des leurs, Wong Chai Chi, d’user de ses charmes pour piéger M. Yee. Ce beau roman (presque érotique) d’espionnage, d’un grand classicisme, marque le retour avec succès d’Ang Lee en Chine. Le cinéaste s’est en outre adjoint les services de Tony Leung (encore plus impressionnant que dans In the mood for love), ainsi que de la débutante Tang Wei, qui gagne à être (con)nue.
) *** SWEENEY TODD (Tim Burton, 23 jan)
Ecarté pendant quinze ans de Londres par un juge qui convoitait sa femme et sa fille, le barbier Benjamin Barker (Johnny Depp) revient du bagne sous le nom de Sweeney Todd pour étancher sa soif de revanche. La boutique, partagée avec une pâtissière (Helena Bonham Carter), dans laquelle il exerce pourrait s’appeler « Allez-y vous n’en reviendrez pas ». Ce conte macabre bénéficie de l’inimitable sens esthétique de Tim Burton, qui met des effets spéciaux invisibles au service d’un univers cohérent (décors, lumière, maquillages). On regrettera juste que la musique et les chansons (le film est adapté d’un spectacle musical) ne soient pas toujours à la hauteur du plaisir visuel.
) *** LE TUEUR (Céric Anger, 9 jan)
Le film raconte les étranges rapports qu’entretiennent un requin de la finance (Gilbert Melki), et le jeune homme (Grégoire Colin) qui a pour mission de le tuer. Ceux qui ne s’intéressent qu’aux films naturalistes peuvent passer leur chemin. Les autres se délecteront de quelques coups de théâtre bien sentis, mais surtout de la mise en scène. Cédric Anger s’attache pour son premier film à importer dans le 13è arrondissement parisien l’ultramoderne solitude urbaine bleutée des grandes métropoles mondiales, ainsi qu’un sens de l’esthétisme et du tempo propre à certains polars asiatiques. Cerise sur le gâteau viril : Mélanie Laurent est excellente dans un second rôle non académique. Exercice de style réussi.
) *** INTO THE WILD (Sean Penn, 9 jan)
A la fin de ses études, un brillant jeune homme de famille aisée plaque tout pour un raid solitaire en phase avec la nature, fuyant faux-semblants parentaux et société consumériste ostentatoire. Destin tragique, superbes panoramiques (dus à Eric Gautier) et bande son de choix en font un film sympathique, et peut-être davantage. Sean Penn, cinéaste mais aussi citoyen engagé, n’aurait-t-il pas voulu dire qu’il valait mieux agir collectivement pour transformer la société que de fuir de façon rebelle mais avec maladresse la civilisation ?
) ** REVIENS-MOI (Joe Wright, 9 jan)
Il s’agit d’un quiproquo familial, lourd de conséquences, survenant dans une grande propriété feutrée de l’Angleterre des années 30. L’amant de la sœur aînée est accusé par la sœur cadette, 13 ans, d’un acte qu’il n’a pas commis. C’est elle qui est crue, l’âge ayant moins d’importance que la position sociale. Le dénouement à tiroir rehausse un film pas toujours crédible et qui manque un peu de personnalité (n’est pas François Ozon qui veut).
Morales possibles du film : méfiez-vous de l’argent qui tombe du ciel, et ne contrariez pas un type qui n’a pas d’humour. Si vous anticipez ce qui se passe sur l’écran, alors vous êtes un psychopathe. Et si vous comprenez (tout) le film, alors vous êtes les frères Coen, et c’est vous qui l’avez réalisé. Si vous êtes ni l’un ni les autres, vous prendrez quand même un immense plaisir à savourer chaque seconde de ce nouvel opus de la fratrie surdouée, dans la lignée de Fargo et The Barber, et en même temps unique, sorte de Nuit du chasseur qui serait revisitée par David Lynch. Un chef-d’œuvre pouvant réconcilier cinéphiles purs et durs et amateurs de films d’action. Inracontable. Irrécupérable. Irréfutable.
) *** DIDINE (Vincent Dietschy, 23 jan)
Didine est le diminutif d’Alexandrine, célibataire (par choix) de 35 ans, incarnée par l’excellente Géraldine Pailhas (Les Randonneurs, La Parenthèse enchantée). Lors de l’hospitalisation de sa meilleure amie, elle rencontre une association de soutien aux personnes âgées, et va s’ouvrir davantage aux autres. Ce deuxième film, à dominante comique, est une réussite. Chaque personnage a l’attention du réalisateur. Quant au scénario, écrit par Anne Le Ny (Ceux qui restent), il est tout en nuances, échappant aux rails trop déterministes ou linéaires. En effet, comme dans la vraie vie, ce qui advient échappe en grande partie aux prévisions des personnages comme à celles des spectateurs. Un film touchant et revivifiant.
) *** IT’S A FREE WORLD (Ken Loach, 2 jan)
Si Ken Loach est un cinéaste politique, son manichéisme n’est en revanche qu’une légende. Dans sa filmographie historique (ex : Land and freedom, Le Vent se lève) comme contemporaine (ex : The Navigators), s’il se situe du bon côté, il n’hésite pas à confronter des points de vue contradictoires à propos des fins et des moyens. Ici, les contradictions sont au cœur du personnage principal, une employée spécialisée dans le recrutement, qui se fait virer, et décide de se mettre à son compte. Lassée d’être dominée, elle veut sa part du côté des dominants. Mais le libéralisme n’est au service que des plus hauts placés dans la pyramide. Vu de France, un excellent film d’anticipation si les propositions d’un Attali sont mises en application …
) *** LUST, CAUTION (Ang Lee, 16 jan)
Des étudiants chinois organisent l’assassinat de M. Yee, collaborateur des services secrets japonais en Chine durant la Seconde Guerre mondiale. Comédiens en herbe, ils demandent à l’une des leurs, Wong Chai Chi, d’user de ses charmes pour piéger M. Yee. Ce beau roman (presque érotique) d’espionnage, d’un grand classicisme, marque le retour avec succès d’Ang Lee en Chine. Le cinéaste s’est en outre adjoint les services de Tony Leung (encore plus impressionnant que dans In the mood for love), ainsi que de la débutante Tang Wei, qui gagne à être (con)nue.
) *** SWEENEY TODD (Tim Burton, 23 jan)
Ecarté pendant quinze ans de Londres par un juge qui convoitait sa femme et sa fille, le barbier Benjamin Barker (Johnny Depp) revient du bagne sous le nom de Sweeney Todd pour étancher sa soif de revanche. La boutique, partagée avec une pâtissière (Helena Bonham Carter), dans laquelle il exerce pourrait s’appeler « Allez-y vous n’en reviendrez pas ». Ce conte macabre bénéficie de l’inimitable sens esthétique de Tim Burton, qui met des effets spéciaux invisibles au service d’un univers cohérent (décors, lumière, maquillages). On regrettera juste que la musique et les chansons (le film est adapté d’un spectacle musical) ne soient pas toujours à la hauteur du plaisir visuel.
) *** LE TUEUR (Céric Anger, 9 jan)
Le film raconte les étranges rapports qu’entretiennent un requin de la finance (Gilbert Melki), et le jeune homme (Grégoire Colin) qui a pour mission de le tuer. Ceux qui ne s’intéressent qu’aux films naturalistes peuvent passer leur chemin. Les autres se délecteront de quelques coups de théâtre bien sentis, mais surtout de la mise en scène. Cédric Anger s’attache pour son premier film à importer dans le 13è arrondissement parisien l’ultramoderne solitude urbaine bleutée des grandes métropoles mondiales, ainsi qu’un sens de l’esthétisme et du tempo propre à certains polars asiatiques. Cerise sur le gâteau viril : Mélanie Laurent est excellente dans un second rôle non académique. Exercice de style réussi.
) *** INTO THE WILD (Sean Penn, 9 jan)
A la fin de ses études, un brillant jeune homme de famille aisée plaque tout pour un raid solitaire en phase avec la nature, fuyant faux-semblants parentaux et société consumériste ostentatoire. Destin tragique, superbes panoramiques (dus à Eric Gautier) et bande son de choix en font un film sympathique, et peut-être davantage. Sean Penn, cinéaste mais aussi citoyen engagé, n’aurait-t-il pas voulu dire qu’il valait mieux agir collectivement pour transformer la société que de fuir de façon rebelle mais avec maladresse la civilisation ?
) ** REVIENS-MOI (Joe Wright, 9 jan)
Il s’agit d’un quiproquo familial, lourd de conséquences, survenant dans une grande propriété feutrée de l’Angleterre des années 30. L’amant de la sœur aînée est accusé par la sœur cadette, 13 ans, d’un acte qu’il n’a pas commis. C’est elle qui est crue, l’âge ayant moins d’importance que la position sociale. Le dénouement à tiroir rehausse un film pas toujours crédible et qui manque un peu de personnalité (n’est pas François Ozon qui veut).
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