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Les films de février 2008

Juno / La Fabrique des sentiments / Les Liens du sang / Capitaine Achab / Peur(s) du noir / Paris / Coupable / There will be blood / Bienvenue chez les ch'tis

)    ***    CAPITAINE ACHAB (Philippe Ramos, 13 fév)

    Pour son troisième film distribué en salle et son deuxième long métrage, l’excellent Philippe Ramos invente en cinq chapitres une vie entière au capitaine Achab, le personnage de Moby Dick, de la naissance à la mort. Il en fait un homme des bois (comme l’amant de Lady Chatterley), avant de devenir un homme de la mer. Comme toujours, Ramos soigne la composition de ses plans, certes parfois gratuits au niveau narratif mais remplis de poésie dans chaque décor, chaque paysage. Grâce à une direction d’acteurs non naturaliste, les personnages ont une forte présence tout en n’étant pas forcément à leur place. Cela passe ou ça casse, mais ce film très stylisé ravira ceux qui accepteront d’y entrer.

)    ***    THERE WILL BE BLOOD (Paul Thomas Anderson, 27 fév)

    Cette fois-ci, Paul Thomas Anderson abandonne le formalisme assez vain qui caractérisait ses derniers films, et met la mise en scène au service d’une histoire, celle d’un exploitant de pétrole au début du XXè siècle. Daniel Day-Lewis est exceptionnel dans l’incarnation de cet avide personnage, et Paul Dano n’est pas mal non plus dans l’emploi de (faux) dévot. Cupidité et superstition sont les deux mamelles de l’Amérique, selon le cinéaste. A noter une excellente bande originale, signée par un musicien de Radiohead.

)    ***    PEUR(S) DU NOIR (Collectif, 13 fév)

    Six dessinateurs de BD ou graphistes ont reçu la consigne de réaliser un court métrage d’animation en noir et blanc et ayant pour thème la peur. Le résultat est cohérent, bien que d’une diversité de style réjouissante. Les films de Blutch (chiens méchants) et de Pierre Di Sciullio (abstraction sur les peurs adultes du quotidien) s’insèrent par épisodes entre les quatre autres films. Les deux plus impressionnants sont ceux de Charles Burns (mutations ados) et de Marie Caillou (déjà dans le bon coup de Loulou et autres loups, autre production Prima Linea, à destination des enfants celle-là). L’ensemble est une réussite par moments très angoissante.

)    **    JUNO (Jason Reitman, 6 fév)

    Une adolescente de seize ans tombe « accidentellement » enceinte, décide de porter l’enfant jusqu’à son terme, et de confier le bébé à un couple en recherche d’adoption. Cette comédie peut ratisser large, des militants anti – avortements aux esprits les plus ouverts. Mis à part cette réserve de taille, le film fait davantage penser aux meilleurs comédies indépendantes américaines (Ghost world par exemple) qu’aux teenage movies de série. Et séduit grâce au solide sens de l’humour du personnage principal et de son interprète.

)    **    BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS (Dany Boon, 27 fév)

    Triomphalement accueilli par le public, le film est assez modeste sur le plan cinématographique. A mille lieux de la vraisemblance, il tourne à la farce chaleureuse autour d’un méridional (Kad Merad) cadre de La Poste muté à titre disciplinaire dans le Nord – Pas de Calais. Hors d’âge, cette comédie repose sur des quiproquos théâtraux à la Véber, et sur le caractère drôle et attachant des personnages. Il réussit sa seule ambition : faire (sou)rire et toucher (un peu).

)    **    COUPABLE (Laetitia Masson, 27 fév)

    Un homme est poignardé un dimanche matin dans sa grande maison. On soupçonne sa femme ou sa cuisinière. La recherche de l’énigme n’est pas l’intérêt principal du film. Laetitia Masson (En avoir ou pas, A vendre) ironise sur la vie en couple ou les valeurs bourgeoises (immenses pièces remplies de vide). La cinéaste prend un malin plaisir à faire ce qu’un producteur frileux lui interdirait. Du coup, le film très second degré oscille selon les moments entre œuvre inspirée et nanar qui ne craint pas le ridicule. Dans les deux cas, on s’amuse.

)    **    LA FABRIQUE DES SENTIMENTS (Jean-Marc Moutout, 6 fév)

    Pour son deuxième film, après Violence des échanges en milieu tempéré sur un apprenti dégraisseur, Jean-Marc Moutout observe la course à l’âme sœur de la même façon que la compétition économique, avec les mêmes impératifs de marchandage et de rentabilité immédiate. Les speed dating ressemblent à des entretiens d’embauche, et les valeurs de performance et de concurrence semblent supplanter celles de la rencontre et du partenariat. Une satire froide sur la société d’aujourd’hui. Un film fort qu’on a hâte de quitter.

)    **    LES LIENS DU SANG (Jacques Maillot, 6 fév)

    C’est l’histoire de deux frères à la fin des années 70. L’un est flic (Guillaume Canet), l’autre un truand qui vient de payer sa dette à la société (François Cluzet). La comparaison avec le récent et excellent La Nuit nous appartient de James Gray ne rend pas justice au film. Si les premières minutes sont étouffantes par une reconstitution trop saturée de l’époque, le film trouve ensuite son intérêt dans les liens tissés entre les personnages : entre les deux frères bien sûr mais aussi avec leurs compagnes, jouées par les excellentes Marie Denarnaud (Les Corps impatients) et Clotilde Hesme (Les Amants réguliers, Le Fils de l’épicier).

)    *    PARIS (Cédric Klapisch, 20 fév)

    Un film choral avec un panel de parisiens de tous milieux, interprété par de grosses pointures et signé par le réalisateur de Riens du tout et Chacun cherche son chat, ça promet. Sauf que le résultat est très décevant. Pour une fois, Klapisch ne semble pas s’intéresser à ses personnages. Il n’y a aucune fluidité dans le montage, qui ne répond qu’à la chronologie des scènes. Juliette Binoche est magnifique, mais on la voit de façon un peu trop homéopathique.

Version imprimable | Films de 2008 | Le Lundi 23/02/2009 | 0 commentaires




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