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Suite des films de début 2023

  • Bravo : Dalva (Emmanuelle Nicot), The Fabelmans (Steven Spielberg)
  • Bien : Le Bleu du caftan (Maryam Touzani), Sur l'Adamant (Nicolas Philibert), La Romancière, le film et le heureux hasard (Hong Sang-soo), La Montagne (Thomas Salvador), L'Etabli (Mathias Gokalp), Mon crime (François Ozon), About Kim Sohee (July Jung), La Syndicaliste (Jean-Paul Salomé), Les Âmes soeurs (André Téchiné), La Femme de Tchaïkovski (Kirill Serebrennikov)
  • Pas mal : Je verrai toujous vos visages (Jeanne Herry), A mon seul désir (Lucie Borleteau), Empire of light (Sam Mendes), Avant l'effondrement (Alice Zeniter, Benoît Volnais), Le Retour des hirondelles (Li Ruijun), The Quiet girl (Colm Bairéad), El Agua (Elena Lopez Riera), Goutte d'or (Clément Cogitore)
  • Bof : De grandes espérances (Sylvain Desclous), Voyages en Italie (Sophie Letourneur), Un hiver en été (Laetitia Masson)
  • Hélas : Scream VI (Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett)

DALVA (Emmanuelle Nicot, 22 mar) LLLL
Dalva, 12 ans, est soudainement extirpée du domicile de son père, qui l'élève seul et est soupçonné d'inceste. Elle est placée en foyer, prise en charge par un éducateur, et doit se faire une place parmi ses congénères... Le sujet aurait peu donner lieu à un téléfilm édifiant. Rien de tel ici, le film est une grande oeuvre, tout d'abord parce que très éloignée des clichés, et donc assez imprévisible dans son exécution. Dalva ne comprend pas vraiment ce qu'on reproche à son père, d'autant plus qu'il est interprété avec beaucoup de nuance par le subtil Jean-Louis Coulloch (Lady Chatterley). Pour son premier long métrage, la réalisatrice Emmanuelle Nicot adopte une mise en scène naturaliste qui peut faire penser aux frères Dardenne, Belgique oblige, mais également à L'Enfance nue, le très beau premier film de Maurice Pialat. Zelda Samson, sa jeune interprète, n'est évidemment pas pour rien dans la grande réussite de l'ensemble.

THE FABELMANS (Steven Spielberg, 22 fév) LLLL
Au milieu des années 1950, le jeune Sammy Fabelman est amené pour la première fois au cinéma. Il est profondément marqué par la scène d'accident ferroviaire dans Sous le plus grand chapiteau du monde par Cecil B. DeMille. Ses parents lui achètent un train électrique et une petite caméra. C'est le début d'une vocation... D'inspiration fortement autobiographique, le nouvel opus de Steven Spielberg est un film somme, qui permet de mieux appréhender sa riche (mais inégale) filmographie. Mais c'est aussi un film hommage au cinéma en général (la découverte au montage d'un secret familial renvoie à Antonioni ou De Palma), et à ses parents récemment décédés. En particulier le personnage de la mère, merveilleusement incarnée par Michelle Williams, est le plus beau rôle féminin de son oeuvre. Paul Dano et Seth Rogen sont également excellents en père et "oncle" de Sammy. Steven Spielberg aurait pu avoir la main lourde, être trop démonstratif. Il n'en est rien : il se "contente" de suggérer beaucoup, avec, dans les scènes clés, de formidables idées de cinéma...

LE BLEU DU CAFTAN (Maryam Touzani, 8 mar) LLL
Halim est un maître artisan tailleur (mâalem) pour le compte de la petite boutique dont il est propriétaire avec sa femme Mina, spécialisée dans les vêtements (dont le caftan du titre) portés dans les très grandes occasions par une clientèle très fortunée. La petite entreprise semble prospère, mais Halim a un secret : son homosexualité, sujet encore tabou au Maroc. Seule sa femme et des amants de passage, qu'il rencontre très discrètement au hammam, sont au courant... On imagine sans peine ce qu'un mauvais réalisateur aurait fait d'un tel matériau. Après Adam, la cinéaste Maryam Touzani confirme son talent, en brodant, comme son personnage principal, les différents motifs (dont certains qu'on découvre au fur et à mesure) dont elle dispose avec beaucoup de dextérité et de délicatesse. Par exemple, la forme d'amour qui lie malgré tout les deux époux, interprétés avec chaleur mais retenue par Lubna Azabal et Saleh Bakri, couple uni mais qui saura accueillir un nouvel apprenti (Ayoub Missioui, tout aussi subtil). De la belle ouvrage.

SUR L'ADAMANT (Nicolas Philibert, 19 avr) LLL
A l'instar de la première séquence du Pays des sourds (1993), l'ouverture du nouveau film de Nicolas Philibert détonne, avec une reprise de Téléphone qui est de la bombe (humaine). Mais bien sûr, par son sujet, il prend davantage la suite d'un autre documentaire du cinéaste, La Moindre des choses (1997), où l'on suivait notamment la préparation d'un spectacle à l'intérieur de la clinique psychiatrique de La Borde. C'est un autre lieu dans lequel pénètre Nicolas Philibert ici, l'Adamant, un superbe bâtiment flottant sur la scène, à l'architecture accueillante et où de nombreux ateliers sont proposés aux personnes souffrant d'une santé mentale défaillante. La structure n'est malheureusement pas représentative de l'ensemble des institutions psychiatriques du pays, mais c'est un cadre dans lequel la relation peut avoir lieu, et dans lequel le regard du réalisateur peut se déployer, d'une façon humaniste, plus pudique que voyeuse, loin des discours trop normatifs.

LA ROMANCIERE, LE FILM ET LE HEUREUX HASARD (Hong Sang-soo, 15 fév) LLL
Le coeur du film est la rencontre imprévue entre une romancière mûre (Hye-yeong Lee) et une actrice plus jeune (Kim Min-hee, qui revient avec grâce dans le cinéma de Hong Sang-soo). Elles ont en commun d'avoir fait une pause dans leurs carrières respectives, et apprécient chacune le travail de l'autre. Les autres personnages (une libraire, un réalisateur) ont surtout pour rôle de provoquer (involontairement) la rencontre, mais ils sont savoureux. Le prolifique cinéaste, un rien obsessionnel, nous revient en grande forme, grâce à des plans en noir et blanc superbement composés, souvent fixes, mais à distance idéale des personnages, et dans lesquels l'inattendu ou l'incongru peuvent survenir (l'apparition saugrenue d'une curieuse fillette en arrière-plan par exemple). Il n'y a pas de véritable hasard, mais le film est assez heureux...

LA MONTAGNE (Thomas Salvador, 1er fév) LLL
En déplacement professionnel dans les Alpes, un ingénieur parisien ne résiste pas à l'appel de la montagne. Dès le départ, la vraisemblance ne constitue pas la raison première du film. Le personnage principal, présenté comme relativement néophyte, achète d'emblée l'équipement le plus adéquat, et il suffit de quelques rapides leçons pour savoir s'en servir comme un alpiniste aguerri. On se croit projeté dans l'univers du Sommet des dieux, mais en prises de vues réelles. Puis la deuxième partie montre l'ambition du film, avec une production éloignée de toute standardisation. On peut ne pas adhérer immédiatement à ce qu'on voit. Mais j'ai fini par être rattrapé par la beauté singulière de l'ouvrage, son tempo propre, avec un travail sur le son aussi méticuleux que sur l'image.

L'ETABLI (Mathias Gokalp, 5 avr) LLL
Dans les mois qui ont suivi Mai 1968, un prof de philosophie refuse un poste universitaire pour s'engager en tant qu'ouvrier chez Citroën, dans l'espoir de susciter chez ses collègues un sentiment de révolte de classe. L'occasion pourrait venir d'une décision de la direction de l'entreprise, qui veut imposer à ses salariés de travailler 3/4h de plus par jour pour compenser les avancées sociales obtenues par le mouvement de protestation historique qui a secoué la société. Après Rien de personnel, sorti en 2009, Mathias Gokalp confirme qu'il sait très bien traiter avec acuité du monde du travail, en s'appuyant sur le jeu de Swann Arlaud (et des autres interprètes, tou.te.s convaincant.e.s), et sur le récit du véritable Robert Linhart, publié en 1978. La mise en scène est à l'avenant, sans ambiguïtés, quitte à paraître un peu trop tirée au cordeau parfois.

MON CRIME (François Ozon, 8 mar) LLL
Madeleine, jeune comédienne, et Pauline, avocate débutante, partagent un petit appartement parisien. La première dit avoir été agressée sexuellement par un producteur de cinéma, dont elles apprendront la mort en fin de journée. Madeleine s'accuse du crime, et choisit Pauline pour se défendre... Comme pour Huit femmes et Potiche, François Ozon dépoussière une pièce de théâtre. Celle-ci date des années 1930, mais bien sûr Ozon le fait avec un regard contemporain, mais peut-être pas sans ambiguïté : féminisme ou roublardise ? Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder assurent, au milieu d'une distribution impressionnante qui puise dans différentes familles du cinéma français. Le résultat est pétillant, voire réjouissant pendant le temps fugace de la projection, même si rien n'est inoubliable.

ABOUT KIM SOHEE (July Jung, 5 avr) LLL
Une lycéenne effectue un stage dans un centre d'appels, et découvre la véritable nature des tâches (vente forcée ou dissuasion des résiliations d'abonnements), ainsi que les conditions de travail particulièrement difficiles. Lorsqu'un drame survient, une inspectrice de police (Doona Bae) vient enquêter sur ces agissements, et découvre également la compétition entre établissements scolaires... July Jung (A girl at my door) confirme ses talents de réalisatrice en livrant un second long métrage implacable qui pourra rappeler aux écologistes dits "modérés" qu'on ne lutte pas contre le productivisme sans lutter contre les rapports sociaux de production. Le constat est sans appel, et aussi un peu monochrome, qu'un Ken Loach aurait peut-être parsemé d'ironie rageuse, mais le film tel qu'il est mérite bien sûr d'être vu.

LA SYNDICALISTE (Jean-Paul Salomé, 1er mar) LLL
Maureen Kearney, déléguée syndicale CFDT chez Areva, est agressée à son domicile, ligotée et violée avec la lettre A tracée sur son ventre. Est-ce que ceci a un lien avec le changement de direction à la tête d'Areva, et les contrats qu'EDF est alors en train de passer avec la Chine ? La syndicaliste va être accusée d'avoir mis en scène son agression... Même si le film ne prend jamais parti sur les choix énergétiques de la France, il tente de reconstituer un dossier qui montre l'opacité dans les domaines stratégiques en général, et dans le nucléaire en particulier. La forme est loin d'atteindre les canons du genre, l'audace est ailleurs, dans le choix rare de garder les noms exacts et dénominations réelles des personnes physiques et morales impliquées (ou non) dans cette affaire.

LES ÂMES SOEURS (André Téchiné, 12 avr) LLL
David, un jeune militaire, a été rapatrié en Métropole, à la suite d'une opération qui a mal tourné. Il finit par sortir du coma, mais ne se souvient plus de sa vie d'avant. Son amnésie est-elle un handicap ou une chance ? Il est pris en charge par sa grande soeur... Sans velléité démonstrative, André Téchiné retrouve un sens assez rare du romanesque, avec une mise en scène d'une redoutable précision sans être ostentatoire. Sa direction d'acteurs est également très solide, même si les personnages du voisin (André Marcon) et de la maire de la commune (Audrey Dana) semblent exister moins pour eux-mêmes que dans leurs interactions avec Jeanne et David (Noémie Merlant et Benjamin Voisin, intenses). Car, comme dans Ma saison préférée, ce sont les rapports frère-soeur qui semblent intéresser André Téchiné, leur mystère aussi, en dépit d'un scénario dont le jusqu'au-boutisme peut se discuter...

LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI (Kirill Serebrennikov, 15 fév) LLL
Comme son nom l'indique, le film raconte le destin d'Antonina, qui a épousé Piotr Ilitch Tchaïkovski. Celui-ci a accepté ses avances mais uniquement pour se donner une respectabilité, alors qu'il n'a jamais cessé d'être homosexuel. Elle ne cessera cependant de cultiver une adoration pour lui... L'histoire est cruelle, et certains commentateurs voulaient décerner à Alyona Mikhailova le prix d'interprétation féminine à Cannes. Pourquoi pas, mais l'écriture du personnage est assez raide. Kirill Serebrennikov change un peu de style à chaque film, mais c'est la virtuosité de la mise en scène (la chorégraphie de la caméra dans les plans-séquences) qui impressionne le plus, et théâtralise l'ensemble, en quelque sorte.

JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES (Jeanne Herry, 29 mar) LL
Après Pupille (2018), Jeanne Herry propose un nouveau film choral, cette fois autour de la "justice restaurative", dont l'une des modalités consiste en un groupe de parole qui mêle détenus et victimes (mais pas "leurs" victimes). Il y a des aspects documentaires, et un regard finement humaniste qui tranche avec la démagogie sécuritaire ambiante. Mais de même qu'on n'est pas obligé de tout mettre sur l'écran, on n'est pas plus tenu de tout dire par les dialogues. Et c'est là que ça coince un peu : la surabondance de mots d'auteur soulignés par chaque inflexion du jeu d'acteurs professionnels expérimentés fait un peu "trop", procédant comme des raccourcis auxquels on aurait préféré des chemins plus sinueux, à l'instar de celui emprunté par la jeune femme interprétée par Adèle Exarchopoulos, où ce qui ne peut pas se dire compte aussi...

A MON SEUL DESIR (Lucie Borleteau, 5 avr) LL
Une jeune fille pousse la porte d'un club de strip tease, et sympathise avec une jeune femme, aspirante comédienne, qui officie déjà depuis quelque temps et veut l'initier. Le titre du long métrage est également la dénomination de l'établissement, mais indique clairement le point de vue qui sera privilégié. Même si les violences sexistes et sexuelles ne sont pas absentes du film, c'est bien le désir (féminin) des effeuilleuses qui est au centre (c'était déjà le cas de Fidelio, l'Odyssée d'Alice, première oeuvre de Lucie Borleteau) : elles sont d'abord des sujets (et non des objets) de désir. La sororité dans les coulisses met un peu de baume sur cet univers, et une histoire d'amour cimente le film (un peu disparate sinon), ce qui permet au jeu de Zita Hanrot et Louise Chevillotte de s'épanouir.

EMPIRE OF LIGHT (Sam Mendes, 1er mar) LL
Dans les années 1980, Hilary est chef de service de l'Empire, le cinéma de la petite ville côtière dans laquelle elle réside. Elle suit un traitement au lithium, cède aux avances de son patron marié. Elle fait la rencontre de Stephen, un nouvel employé, et découvre le racisme dont il fait l'objet... Il y a dans ce film une part d'hommage au cinéma en salle, qui en ferait presque un pendant britannique au Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore (récemment réédité). Les intentions sont bonnes, et les interprétations d'Olivia Colman et Micheal Ward solides. On regrettera que la mise en scène soit si tiède, conventionnelle voire académique.

AVANT L'EFFONDREMENT (Alice Zeniter, Benoît Volnais, 19 avr) LL
Tristan est directeur de campagne pour les élections législatives d'une candidate écologiste qui assume une radicalité de gauche, dans un Paris au mois de juin sous la canicule. Un jour, il reçoit une lettre anonyme avec un test de grossesse positif, alors qu'il est peut-être porteur de gênes de la maladie incurable qui a emporté sa mère... L'effondrement en question peut donc être personnel comme collectif. Pour son premier long-métrage, la romancière Alice Zeniter capte l'air du temps mais surcharge son film d'idées qui n'ont pas forcément le temps de s'épanouir. Si les interprètes (Niels Schneider, Ariane Labed, Souheila Yacoub) réussissent à incarner leurs personnages, les dialogues entre amis ont parfois trop l'air de discours politiques explicites plaqués dans leur bouche, au risque que le film ne prêche que les convaincus...

LE RETOUR DES HIRONDELLES (Li Ruijun, 8 fév) LL
Au départ, il s'agit d'un mariage arrangé entre deux personnes méprisées par leurs familles respectives : Ma, ouvrier agricole exploité par son frère, et Guying, une femme autrefois battue devenue mutique et incontinente. Le film raconte leur apprivoisement mutuel et leur survie, à la merci des éléments, alors que les programmes gouvernementaux de sortie de la misère leur sont inadaptés, du fait de l'urbanisation forcée qu'ils induisent. On louera l'audace du sujet, l'authenticité de son traitement : l'équipe du film a réellement construit la ferme et fait pousser les cultures. La récolte, en terme de cinéma, n'est cependant pas à la hauteur, faute de financement (Li Ruijin cumulant les postes de réalisateur, scénariste, monteur et directeur artistique).

THE QUIET GIRL (Colm Bairéad, 12 avr) LL
Quelque part en Irlande, au siècle dernier, une fille d'une douzaine d'années, peu appréciée de ses soeurs, est confiée, le temps d'un été, par ses parents pauvres et dépassés, à une cousine éloignée, dont le mari est également agriculteur, mais plus prospère. Elle va finir par découvrir le secret (qu'on aura deviné sans peine) de ce couple qui lui offre une affection qui lui faisait défaut... Les trois personnages principaux, tous assez avares en parole, émeuvent, et ce même si le conte est un peu aplati par une réalisation sans relief et plutôt illustrative.

EL AGUA (Elena Lopez Riera, 1er mar) LL
Une bande de jeunes trompe son ennui dans la torpeur de l'été, dans leur village natal au sud de l'Espagne. Une légende locale prétend qu'à chaque crue, une femme du village serait emportée par l'eau qu'elle aurait en elle... Le versant réaliste fonctionne assez bien, et peut faire penser à des coups d'essais plus réussis comme La colline où rugissent les lionnes de Luana Bajrami. Le versant fantastique apporte une vraie originalité au film : dommage qu'il soit inabouti et qu'il circule surtout par les dialogues.

GOUTTE D'OR (Clément Cogitore, 1er mar) LL
Ramsès est un médium qui prétend communiquer avec les morts. Sa technique est bien rodée, grâce à ses complices, et son entreprise florissante, au grand dam des autres mediums du quartier. Un jour, un jeune lui vole un pendentif, et disparaît. Va-t-il le retrouver ? Le film n'est pas inintéressant, surtout grâce à l'interprétation habitée de Karim Leklou. Mais je m'attendais à mieux formellement de la part de Clément Cogitore, artiste multidisciplinaire (réalisateur, plasticien). Ici le fond de l'air est noir, et l'irrationnel déboule sans vraiment convaincre, même si c'est l'occasion d'une sorte de rachat.

DE GRANDES ESPERANCES (Sylvain Desclous, 22 mar) L
Madeleine, d'origine modeste, prépare l'ENA dans la maison, spacieuse, en Corse du père d'Antoine, son compagnon. Elle y rencontre Gabrielle, une députée amie de cette famille. Mais Madeleine et Antoine sont impliqués dans un fait divers tragique. L'auscultation des moeurs politiciennes a déjà été réalisée de façon plus convaincante (L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller, ou même Alice et le maire de Nicolas Pariser, déjà un peu surfait). Ici, tout est un peu téléphoné, avec des dialogues à la fois trop explicites et convenus (l'économie sociale et solidaire vue d'en haut). De même le mélange avec les conséquences du drame donne un résultat étriqué.

VOYAGES EN ITALIE (Sophie Letourneur, 29 mar) L
Un couple tente de réanimer la flamme, en partant passer quelques jours en Italie sans la progéniture... Le film cite explicitement Stromboli et Voyage en Italie, deux films magistraux de Roberto Rossellini. Cette citation est assez masochiste, dans la mesure où ces films sont d'une amplitude peu commune, alors que le film de Sophie Letourneur est tout petit. Le repli sur l'intime et le nombril du couple n'est pas forcément un mal en soi, mais méritait peut-être mieux qu'une enfilade informe de petites idées mises bout à bout.

UN HIVER EN ETE (Laetitia Masson, sortie initialement prévue le 22 mar mais repoussée) L
Après des années d'absence, Laetitia Masson revient au cinéma. Malheureusement, le film n'est pas très convaincant. Sur le fond, le dérèglement climatique inversé (une période froide en plein été) n'est jamais crédible, même en prenant ce qu'on voit sur le ton de la fable. Et sur la forme, le récit choral autour d'une dizaine de personnages renforce l'impression d'un auteurisme assez artificiel et donc vain.

SCREAM VI (Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett, 8 mar) 0
Il fallait bien que ça arrive, à force. Les réalisateurs avaient fait illusion avec le précédent volet, dans lequel il y avait les ingrédients de toujours, mais sans la patte du regretté Wes Craven. Cette fois-ci, le scénario est faible, mais ce n'est rien à côté de la mise en scène, médiocre et qui ne semble pas avoir les moyens artistiques de ses ambitions. Le résultat est totalement exsangue. C'est Wes Craven qui est sauvagement assassiné...

Version imprimable | Films de 2023 | Le Samedi 29/04/2023 | 0 commentaires




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