S'identifier

Les films de novembre 2006

Scoop / Lady Chatterley / Ne le dis à personne / Prête-moi ta main / Le Labyrinthe de Pan / Le Dahlia noir / Les Fragments d'Antonin / Borat / Mon colonel / Coeurs / The Host / Je pense à vous

Mots-clés : , , , , , , , , , , , , , , , ,

)    ****    LADY CHATTERLEY (Pascale Ferran, 1er nov)

    Au débuts des années 20, une aristocrate déprime auprès de son mari, revenu infirme et impuissant de la Première Guerre Mondiale, et s’éprend du garde – chasse. On a déjà vu cent fois une histoire similaire, mais jamais traitée comme ça. La description et l’évolution des personnages sont d’une remarquable finesse. Le film donne aussi à la sexualité toute sa place, rien que sa place : ni ellipses pudiques, ni obscénité pornographique. Mais la cinéaste, qui sait que filmer un radiateur ne suffit pas à chauffer la salle, emporte le spectateur dans les transports amoureux de son héroïne par un autre moyen : le rapport aux éléments. Rarement la nature, humaine mais surtout végétale, n’aura été aussi magistralement filmée.

)    ***    SCOOP (Woody Allen, 1er nov)

    Le nouvel opus de Woody Allen est une délicieuse récréation, comédie policière dont certaines situations font penser à Meurtre mystérieux à Manhattan, sans en égaler la perfection. Très bonne partenaire du cinéaste – acteur, Scarlett Johansson apporte son sens de la répartie, déjà repéré dans Ghost World. Le film poursuit la peinture ironique de la haute aristocratie londonienne entamée avec Match Point. Ici, la morale est sauve, mais il faut l’intervention de la magie (davantage poétique que fantastique chez Woody) pour cela …

)    ***    LES FRAGMENTS D’ANTONIN (Gabriel Le Bomin, 8 nov)

    Un homme jeune revient de la Première Guerre Mondiale dans son intégrité physique, mais avec des séquelles psychologiques lourdes. Un psychiatre s’intéresse à son cas. Sans chercher à faire le malin, Gabriel Le Bomin filme très bien son grand sujet, sans académisme. Les scènes dans les tranchées (souvenirs du personnage principal) sont même plus convaincantes que les images trop léchées de Un long dimanche de fiançailles. Un premier film réussi et accessible au grand public si on veut bien lui montrer. L’extrême discrétion de sa sortie est incompréhensible et injuste.

)    ***    THE HOST (Bong Joon-ho, 22 nov)

    Une famille tente de sauver la petite dernière (13 ans) des tentacules d’une créature marine monstrueuse résultant d’un crime écologique. Surprise ! Après coup, on se rend compte des nombreux emprunts à Spielberg : parents séparés, une scène de panique rappelant Les Dents de la mer, une scène où celui, que personne n’écoute, subit d’impressionnants examens médicaux (comme dans E.T), un arrière – plan politique (comme La Guerre des Mondes, film antihéroïque et antisécuritaire), ici le passé dictatorial de la Corée du Sud et l’ingérence américaine. Mais là où Spielberg cherche à fédérer, Bong Joon-ho déploie sa liberté de ton, passant en quelques secondes du grinçant à l’effroi, du drame au grotesque.

)    **    MON COLONEL (Laurent Herbiet, 15 nov)

    Film historique autour de la confrontation entre un jeune officié juriste (Robinson Stévenin) et le colonel de sa garnison (Olivier Gourmet) pendant la guerre d’Algérie. Dénonçant les pratiques de la Grande Muette en 1956-1957, le scénario, une adaptation par Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg du roman éponyme de Francis Zamponi, est édifiant. La partie qui se déroule en 1995 paraît un peu plus artificielle, et la mise en scène est assez convenue (1995 en couleurs, 1956 en noir et blanc).

)    **    LE LABYRINTHE DE PAN (Guillermo Del Toro, 1er nov)


    Deux films en un : l’un historique situé vers la fin de la guerre civile espagnole, l’autre fantastique contant un royaume en quête d’une princesse perdue. Mais contrairement à L’Echine du diable, qui évoquait déjà avec une pointe de fantastique le régime franquiste, les deux récits sont plus juxtaposés qu’interpénétrés, et ont du mal à s’enrichir mutuellement. Dommage car ils sont très bons indépendamment l’un de l’autre.

)    **    CŒURS (Alain Resnais, 22 nov)

    Le film croise les ultra – modernes solitudes de six parisiens dans le quartier de la Bibliothèque François Mitterrand. Alain Resnais soigne l’écrin de son film (plongées qui écrasent les personnages aux trajectoires dérisoires, montage et lumière impeccables). Mais si  Sabine Azéma arrive à donner vie à son personnage un peu chargé de vieille fille bigote, on a du mal à voir André Dussolier et Isabelle Carré (très bons) en frère et sœur. Le tout fait une comédie sombre, inégale mais toujours élégante.

)    **    PRÊTE – MOI TA MAIN (Eric Lartigau, 1er nov)


    L’originalité du film consiste à passer de la sitcom de boulevard façon Véber (en moins bien : sketchs assez drôles mais très improbables) à la comédie romantique anglo – saxonne (en moins bien également). Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg parviennent à faire rire et émouvoir, et tirent leur épingle du jeu de ce film divertissant sans autre ambition.

)    **    JE PENSE À VOUS (Pascal Bonitzer, 29 nov)

    Une jeune femme (Géraldine Pailhas) voit son passé intime devenir sujet du dernier roman écrit par son ex (Charles Berling) et publié par son actuel compagnon (Edouard Baer). Ce début, qui laisse présager le meilleur (le thème rappelant l’excellent Harry dans tous ses états, de Woody Allen), fait place à une suite de scènes de vaudeville ironiques ou cauchemardesques. En petite forme, Pascal Bonitzer, spécialiste du quiproquo lettré (Encore, Rien sur Robert), livre une caricature sombre de ses précédents films.

)    *    LE DAHLIA NOIR (Brian De Palma, 8 nov)

    De Palma soigne la surface de son film : comédiens glamour, virtuosité ostentatoire des mouvements de caméra, extraits d’un des plus beaux muets américains (L’Homme qui rit, de Paul Leni d’après Victor Hugo), mais ne parvient pas à créer de la profondeur. Le résultat est clinquant, ni fait, ni à faire (on a déjà vu mieux dans le même genre).

)    *    NE LE DIS A PERSONNE (Guillaume Canet, 1er nov)

    S’il était réussi, ce thriller serait tendu. Malheureusement il est raide, tant il accumule les invraisemblances dans les situations comme dans la psychologie des personnages, sans éviter des clichés (l’arbre, le lac, …). Côté interprétation, François Cluzet fait bien l’incrédule (on le serait à moins), et Marina Hands (Lady Chatterley) parvient à être touchante en quelques scènes. Ceci – dit, les nombreux bons comédiens n’arrivent pas à sauver l’ensemble.

)    0    BORAT (Larry Charles, 15 nov)

    Quelques minutes de ce film sont terrifiantes, lorsqu’on voit des Américains lambda suintant la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie ou le sexisme. Le courage aurait été de s’attaquer à ceux qui répandent ces idées dans une petite partie de l’Amérique profonde, et non à des anonymes. Le reste n’est absolument pas subversif, les transgressions restant au stade pipi – caca. Cinématographiquement, c’est encore plus simple : on frôle le zéro absolu.

Version imprimable | Films de 2006 | Le Samedi 21/02/2009 | 0 commentaires




Archives par mois


Liens cinéphiles


Il n'y a pas que le ciné dans la vie

Des liens citoyens