Mots-clés : Christian Rouaud, Jérôme Bonnell, Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos, Eric Caravaca, Florence Loiret-Caille, François Ozon, André Téchiné, Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Johan Libéreau, Chloé Coulloud, Karin Viard, Kad Merad, Claude Berri, Audrey Tautou, Guillaume Canet, Pierre Carles, Hugh Grant, Drew Barrymore
) *** LES LIP, L’IMAGINATION AU POUVOIR (Christian Rouaud, 21 mar)
Ce documentaire retrace, chronologiquement, la lutte des employés et ouvriers des usines de montre Lip à Besançon au cours des années 1970. En recueillant le récit des différents protagonistes, remarquablement réfléchis, le film est d’une vivacité peu commune. La réussite de la lutte (« punie » par Jacques Chirac alors Premier Ministre, qui donne instructions à des entreprises publiques d’annuler leurs commandes auprès de Lip, provoquant la démission du patron progressiste qui avait repris l’usine en 1975) montre que des chemins novateurs peuvent être trouvés lorsqu’on s’éloigne du prêt à penser. Et que l’épanouissement individuel passe davantage par un apprentissage responsabilisant de la vie en société (via par exemple une expérience collective comme celle là) que par un comportement individualiste.
) *** J’ATTENDS QUELQU’UN (Jérôme Bonnell, 21 mar)
Le film suit le destin de cinq ou six personnages, dans une petite ville de la région parisienne. Chacun d’entre eux tente de mener à bien sa vie sociale et affective, en fonction des contraintes du moment et des sentiments plus ou moins contraires des autres. Observateur mature (à moins de 30 ans !), l’auteur de l’excellent Chignon d’Olga confirme ses talents et de cinéaste et de directeur d’acteurs (Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos, Eric Caravaca, Florence Loiret – Caille, Sylvain Dieuaide).
) *** ANGEL (François Ozon, 14 mar)
L’ascension et la chute d’une romancière britannique à la fin du XIXè siècle et début du XXè. François Ozon est décidément un réalisateur qui a beaucoup de personnalité. Hommage sarcastique aux grands mélos de l’âge d’or hollywoodien, le film peut dérouter par le décalage entre l’image et le son. En effet, la mise en scène visuelle et le montage sont très ironiques vis à vis du personnage principal, tandis que les dialogues des personnages secondaires et la musique sont en phase avec l’héroïne. Cela peut agacer, mais on peut aussi trouver ça très savoureux.
) *** LES TEMOINS (André Téchiné, 7 mar)
Romanesque et existentiel, le film croise des personnages aux mœurs plutôt libérées, en 1984 – 1985, au début de l’épidémie de Sida (dont le nom n’est jamais prononcé). André Téchiné évite le film dossier comme le mélodrame (il est moins émouvant que son opus précédent). Remarquable qualité d’ensemble de l’interprétation : Michel Blanc en médecin homosexuel, Emmanuelle Béart et Sami Bouajila en couple infidèle, et Johan Libéreau en jeune homme qui va bouleverser la vie des uns et des autres.
) ** LA TÊTE DE MAMAN (Carine Tardieu, 28 mar)
Une jeune adolescente de 15 – 16 ans (Chloé Coulloud, révélation) se demande ce qui se passe dans la tête de sa mère (Karin Viard), dépressive et souffrant de problèmes gastriques chroniques. Par hasard, elle va finir par retrouver le premier amour de sa mère (Kad Merad). Un premier film très convaincant dans sa forme : l’imagination prolifique de l’adolescente est bien rendue. Les invraisemblances, assez nombreuses, ne sont pas gênantes, sauf à la fin du film, et ne suffisent pas à rompre le charme de cette belle surprise.
) ** ENSEMBLE, C’EST TOUT (Claude Berri, 21 mar)
Une jeune « technicienne de surface » (Audrey Tautou), dont la mère déprime, et un jeune cuisinier (Guillaume Canet, étonnant de justesse), dont la grand-mère faiblit, vont cohabiter dans le grand appartement d’un aristocrate inénarrable (personnage comique caricatural mais bien défendu par Laurent Stocker). Tout n’est pas convaincant, mais l’ensemble, qui montre l’importance des liens tissés entre les uns et les autres, est d’une chaleur ténue assez bienvenue.
) ** LE 4è MORCEAU DE LA FEMME COUPEE EN 3 (Laure Marsac, 7 mar)
Triptyque autour d’une trentenaire assez décalée (interprétée par la réalisatrice). Elle apprend à conduire (Denis Podalydès est savoureux en moniteur d’auto – école), est enfermée à l’extérieur (clefs oubliés à l’intérieur), se souvient d’un trajet pendant son enfance, à l’arrière de la voiture de sa mère. Malgré des longueurs dans la deuxième partie, le film dresse un portrait comique d’une jeune femme un peu inadaptée et bien plus attachante que les mordus de la bagnole. Une jolie auto – dérision (dans tous les sens du terme).
) ** LA CITE INTERDITE (Zhang Yimou, 14 mar)
Pendant une heure et demie, c’est un petit régal de décors luxuriants et d’intrigues de palais (tyrannie et conspiration). Gong Li et Chow Yun – Fat sont impressionnants de charisme. En regard de ces promesses, le final est décevant, bien que très spectaculaire.
) ** VOLEM RIEN FOUTRE AL PAÏS (Pierre Carles, Christophe Coello, Stéphane Goxe, 7 mar)
Après Attention danger travail, Pierre Carles et ses deux acolytes viennent à la rencontre de personnes qui ont quitté le monde du salariat et ont tenté de s'organiser (parfois de manière très radicale). Comme à son habitude, Pierre Carles navigue loin du prêt à penser. Très pertinent dans les questions soulevées, le film est inégal du côté des réponses expérimentées (quid de la protection sociale par exemple), dont seulement quelques détails pourraient prêter à une certaine généralisation.
) ** GOLDEN DOOR (Emanuele Crialese, 21 mar)
D'une certaine façon, le film est salutaire. En effet, à travers le destin de cette famille italienne qui désire émigrer vers les Etats-Unis (en compagnie d'une anglaise énigmatique jouée par Charlotte Gainsbourg), il rappelle la dure réalité de l' « immigration choisie » du point de vue des migrants. Formellement assez convenu, le film décevra les amateurs de la singularité sensuelle de Respiro, le précédent opus du réalisateur.
) * LE COME-BACK (Marc Lawrence, 14 mar)
Un représentant du pire de l’industrie discographique des années 80 doit composer un tube pour une jeune représentante du pire de l’industrie discographique actuelle (match nul sauf pour le réalisateur qui préfère l’ancienne gloire). Se greffe une trame de comédie romantique entre le musicien has been (Hugh Grant, à la limite de l’auto – caricature) et une jeune femme parolière douée sans le savoir. Les trois premières minutes (clip années 80) sont irrésistibles, la suite est inconséquente. On s’ennuie, malgré le charme de Drew Barrymore.
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