Nouveaux films :
-
Bien : Un prophète (Jacques Audiard), District 9 (Neill Blomkamp), L’Armée du crime (Robert Guédiguian), Rien de personnel (Mathias Gokalp)
-
Pas mal : Hôtel Woodstock (Ang Lee), Fish tank (Andrea Arnold)
-
Bof : Non ma fille tu n’iras pas danser (Christophe Honoré)
Reprises :
-
Bien : A bout de course (Sidney Lumet), Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir), La Rumeur (William Wyler)
-
Pas mal : Le Golem (Paul Wegener, Carl Boese)
Je commence ma déambulation cinématographique lilloise par Le Golem, un classique du cinéma muet réalisé en 1920, projeté en ciné-concert dans un lieu branché non sans rappeler le Forum des images à Paris.
J’adore la formule des ciné-concerts, c’est magique lorsqu’ils accompagnent des grands noms du muet (Murnau, Sternberg etc). Ici, les arrangements mi-rock mi-tradition d’Europe centrale accompagnent idéalement la légende juive représentée à l’écran.
Le film en lui-même verse peut-être un peu trop pour moi dans l’expressionnisme allemand le plus pur (au contraires des films de Murnau), mais qu’importe, la soirée est plutôt réussie et prometteuse sur ce que peut offrir Lille…
Adorant Chiara Mastroianni et ayant beaucoup aimé la trilogie parisienne de Christophe Honoré (dans l’ordre chronologique mais aussi par réussite artistique croissante Dans Paris, Les Chansons d’amour et La Belle personne), je me précipite à la sortie de Non ma fille tu n’iras pas danser. Grosse déception.
Je ne me fais pas trop au personnage de Chiara Mastroianni, une jeune femme qui traverse une mauvaise passe. Le réalisateur met à distance ce personnage féminin en difficulté, mi-attachante mi-agaçante. On ressent peu la vie qui continue d’animer quand même les dépressifs derrière leur mélancolie…
Enfin, formellement, Christophe Honoré abandonne le style vif très Nouvelle Vague de ces films précédents. Il abuse ici de gros plans assez courts qui accentuent le sentiment d’étouffement. Peut-être est-ce l’effet recherché, mais très peu pour moi en ce moment…
Je continue mes périgrinations avec Un prophète, le nouveau film de Jacques Audiard, encensé à Cannes. Cette sorte d’éducation d’un jeune délinquant à l’intérieur de la prison m’intéresse, mais pourtant, pendant plus de la moitié du film je souffre un peu. J’ai beaucoup aimé Jacques Audiard au début (Un héros très discret, Sur mes lèvres), j’apprécie moins sa fascination pour la testostérone, notamment depuis De battre mon cœur s’est arrêté. On se fout beaucoup sur la gueule dans les deux derniers films de Jacques Audiard, et c’est un peu trop « hormoné » pour moi. Selon moi, un film décrivant un monde violent peut très bien être un film « coup de poing » tout en évacuant hors champ la violence concrète. Ceci étant dit, la direction que prend Un prophète dans la dernière heure est très impressionnante, et le film est effectivement magistral et à ne pas rater…
Lille a eu droit à une avant-première de L’Armée du crime de Robert Guédiguian, en présence de celui-ci, mais aussi de Simon Abkarian et Virginie Ledoyen. Belle brochette ! C’est un bel hommage à la Résistance que ce film là, et aux rôles des travailleurs étrangers dans la Résistance. Quelques critiques mal embouchés parlent d’une faiblesse formelle récurrente chez Guédiguian : ont-ils oublié le remarquable travail sur le son dans La Ville est tranquille ou la stylisation extrême des plans de Lady Jane ? Ceci étant dit, dans ses films les plus narratifs, Guédiguian privilégie toujours les solutions les plus simples. C’est le cas encore ici, et ce n’est pas désagréable, au contraire. En résumé, un cinéaste populaire dans la meilleure acception du terme signe un film historique mais qui résonne étrangement dans la société d’aujourd’hui…
Primé à Cannes, Fish Tank dresse le portrait d’une adolescente d’aujourd’hui fan de hip hop dans une banlieue blanche mais pauvre. Le personnage est très attachant, mais le film n’est pas très ambitieux au niveau cinématographique (alors que le premier film d’Andrea Arnold était formellement intéressant), renforçant l’impression de déjà vu. Malheureusement, cela ne va pas modifier les préjugés de certaines plumes vis-à-vis du cinéma britannique...
Une fois n’est pas coutume, le monde de l’entreprise et de ses cadres est traité dans le premier film de Mathias Gokalp Rien de personnel. Bon il y avait déjà eu Ressources humaines de Laurent Cantet en 2000 et Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout en 2004. La force de Rien de personnel tient dans son dispositif formel, son montage ultra précis et ses angles multiples. Je ne peux pas en dire plus, car l’effet de surprise doit jouer à plein, mais le film est d’une ironie féroce réjouissante…
Et si je me faisais un film de science-fiction ? Va donc pour District 9, premier film (là encore) de Neill Blomkamp. Une soucoupe volante a atterri au-dessus de Johannesburg et les extra-terrestres sont parqués dans un camp, le District 9. Pendant vingt ans, certains d’entre eux ruminent leur vengeance. Le genre faux documentaire gêne un peu au début, mais ensuite c’est impressionnant, et connoté politiquement, dans le pays de l’Appartheid. Le film est donc une sorte de dystopie (une accentuation des tendances négatives d’une société, le contraire d’une utopie) passionnante !
A Lille, quelques salles sont aussi réservées aux reprises. Je me laisse ainsi tenter par Pique-nique à Hanging Rock, le premier film (australien) de Peter Weir datant de 1976. Le cinéaste de Witness, du Cercle des poètes disparus ou du Truman show aime les mondes clos ; là il s’agit d’un lycée pour jeunes filles en 1900. Un pique-nique est organisé à Hanging Rock, dans un endroit typique, où plusieurs de ces adolescentes vont disparaître mystérieusement… Malgré son économie de moyens, un film étrange, envoûtant et beau (la copie neuve rend justice au film).
A bout de course, réalisé par Sydney Lumet en 1988 est une grande réussite. Deux pacifistes américains ont fait sauter une usine de napalm à la fin des années 60. 20 ans après, ils sont encore contraints à la clandestinité, alors que leur fils aîné de 17 ans aspire à une vie plus normale. Peut-on concilier vie de famille et engagement politique radical ? Jusqu’où entraîner ses proches dans les conséquences d’un engagement qu’ils n’ont pas choisi ? Passionnant et émouvant.
On est plutôt content de vivre en 2009 de ce côté-ci de l’Atlantique quand on voit La Rumeur de William Wyler de 1962. Deux institutrices très proches (dont l’une a un fiancé) partagent-elles plus que de l’amitié ? Dès que la rumeur répond par l’affirmative, les parents d’élèves retirent leurs enfants… L’homosexualité féminine était interdite de représentation à l’écran par le Code Hays (qui censura Hollywood de 1934 à 1967). Le film est ambigu dans le sens où on ne sait pas avec certitude si la rumeur est fondée. Disons que l’une des deux institutrices aurait bien voulu... Quoi qu’il en soit, un « drame de mœurs » poignant.
A l’opposé, Ang Lee fête le quarantenaire du festival Woodstock dans Hôtel Woodstock, en compétition à Cannes cette année. Le film raconte les préparatifs du festival, notamment par le fils du couple qui tient l’hôtel réquisitionné pour l’occasion. La comédie est plaisante, l’histoire est véridique, on peut juste regretter quelques ingrédients un peu trop caricaturaux (la mère-dragon, l’inévitable séquence de trip au LSD…) mais c’est pas mal.
Voilà c’est tout. Du coup je n’ai toujours pas vu le dernier Tarentino, l’ultra doué mais aussi ultra immature. Je suis plutôt tenté par Mary et Max.
A bientôt !
Derniers commentaires
→ plus de commentaires