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Festival de La Rochelle 2022

Mon festival La Rochelle CINEMA 2022

30) * UNRELATED (Joanna Hogg, 2007)

Une femme britannique prend des vacances loin de son mari, chez une amie qui a une villa en Italie. Elle rencontre des membres plus jeunes de cette famille... C'est le premier long métrage de fiction de cinéma de la réalisatrice Joanna Hogg, après des expériences à la télévision. Il y a de temps à autre des éléments intéressants, mais ils ne sont pas creusés, et la mise en scène ne produit pas non plus d'images mémorables. Joanna Hogg fera mieux par la suite, notamment le très maîtrisé dyptique The Souvenir (ses autres films n'ont pas été distribués en France).

29) * L'ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD (Andrew Dominik, 2007)

Le film tend à démystifier Jesse James, qui n'était pas forcément le brigand bien-aimé qui volait les riches pour donner aux pauvres, et à complexifier la personnalité de Robert Ford, pas forcément si lâche. Celui-ci est fan du premier. Et à la fin la société du spectacle s'en mêle... Mais avant d'arriver à cette conclusion, il faut subir un film qui s'étire artificiellement, qui a ses longueurs et ses lourdeurs.

28) ** PAMFIR (Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, 2022)

Voici un film ukrainien contemporain qui ne met pas en son cœur les rapports avec le voisin russe. L'histoire se passe dans la région de Bucovine. Pamfir est le surnom donné au héros, revenu de l'étranger et qui accepte une dernière fois de servir la contrebande avec la Roumanie voisine, membre de l'Union européenne, afin de trouver l'argent pour réparer le préjudice commis par son fils. Le schéma est rebattu, mais le réalisateur débutant réussit les scènes viriles, parfois de violence explicite, même si cela en constitue aussi une limite (pourquoi garder toutes les scènes choc, et ne pas développer davantage d'autres aspects ?).

27) ** L'ÉCLIPSE (Michelangelo Antonioni, 1962)

Le scénario est très minimaliste : les affres d'une femme après la rupture qu'elle a provoquée. Monica Vitti et Alain Delon, très bien photographiés, mettent des plombes avant de se rencontrer, et pourtant la première est parfaitement oisive. Mais les plus patients seront récompensés : la dernière séquence, sans les deux stars, est d'une force incroyable, une sorte de manifeste cinématographique, et justifie à elle seule le film.

26) ** LA PISCINE (Binka Zhelyazkova, 1977)

Un film autour d'une singulière amitié à trois entre une jeune fille déçue par un garçon, un architecte et un artiste aux réflexions philosophiques cinglantes. L'œuvre est très avant-gardiste, n'ayant rien à envier à Godard. Chaque séquence est réalisée comme s'il s'agissait d'une installation. La projection (ou le visionnage) pourra sembler un peu indigeste, mais le film sédimente plutôt bien en nous.

25) ** LE PROFESSEUR (Valerio Zurlini, 1972)

Daniele, le professeur en question, est loin des conventions. Loin d'avoir la vocation chevillée au corps, il s'intéresse néanmoins à l'une de ses élèves, la belle Vanina, qui semble plus mûre et tourmentée que ses camarades. Elle vit avec un homme riche qui la prend devant le lycée en voiture de sport. Elle intrigue Daniele, qui s'éloigne de sa femme, qui le trompait mais se remet durement d'un chagrin d'amour. Le film vire au mélo bourgeois, non sans artifices, mais a quelques atouts : la musique, relativement parcimonieuse mais cinglante, et les interprètes (Alain Delon à la beauté désabusée, Sonia Petrova, sa belle partenaire aux troubles secrets, et Léa Massari, très poignante). On vous laisse découvrir, si vous le souhaitez, ce que signifie « la première nuit de quiétude » (traduction littérale du titre italien).

24) ** LA VEUVE COUDERC (Pierre Granier-Deferre, 1971)

1934. La veuve Couderc, une paysanne, accepte de recueillir un homme mystérieux arrivé dans le village, et de le faire travailler à la ferme. Ce qu'elle ne sait pas tout de suite, c'est qu'il s'est évadé du bagne... Adapté de Simenon, le film prend son temps pour installer une certaine atmosphère, les décors bucoliques, les relations avec le voisinage (scène du lavoir), dont la belle famille. Du bon cinéma à l'ancienne, très honnête, où le tandem Delon-Signoret fonctionne bien (mention également à Ottavia Piccolo et Bobby Lapointe !).

23) ** FLIC STORY (Jacques Deray, 1975)

1947. Traque d'Emile Buisson, redevenu l'ennemi public numéro 1 depuis son évasion, par l'inspecteur Borniche. C'est plutôt un bon polar du dimanche soir, même si la mise en scène est loin de la rigueur sophistiquée d'un Jean-Pierre Melville, et si les dialogues peuvent sembler parfois artificiels. La violence de certaines méthodes de certains policiers n'est pas éludée (à l'époque on avait le droit de le dire). Il y a bien sûr l'affrontement Delon-Trintignant, mais certains seconds rôles retiennent l'attention (André Pousse, Claudine Auger).

22) ** EROTIKON (Gustav Machaty, 1929)

En 1933, Gustav Machaty réalise le premier nu intégral féminin de l'histoire du cinéma avec l'actrice Heddy Lamar (par ailleurs inventrice formidable). Quelques années plus tôt, il réalise Erotikon, dans lequel on retrouve de façon tout à fait naturelle un homme qui a plusieurs maîtresses (et peut donc faire plusieurs cocus simultanés). Ce n'est cependant pas un vaudeville, mais un drame, centré sur une jeune fille, tombée enceinte d'un homme qui l'a séduite puis abandonnée aussitôt. Le film est moins réussi que La Chair et le diable de Clarence Brown (auquel on peut penser parfois), mais il y a de belles chorégraphies de regards entre de multiples personnages dans les scènes clés.

21) ** LE FRANC (Djibril Diop Mambety, 1999)

Le premier des deux derniers moyens métrages de Djibril Diop Mambety, pièces d'une trilogie inachevée sur des Histoires de petites gens. Le Franc est loufoque, autour d'un musicien qui gagne à la loterie nationale et va peut-être rembourser ses loyers impayés. Sauf que, pour ne pas le perdre, il avait collé le billet sur sa porte avec une forte glu...

20) ** ANIKI-BOBO (Manoel De Oliveira, 1942)

Premier long-métrage de Manoel De Oliveira, qui a commencé sa carrière du temps du muet (court-métrages) et l'a poursuivi jusque dans les années 2010. Il y a du burlesque des origines dans cette histoire qui n'est pas si drôle, celle d'une rivalité amoureuse entre deux garçons désargentés d'un âge à un seul chiffre. La forme a un peu vieilli, mais ce conte (néo)réaliste a son charme. Sans oublier le malicieux plan final...

19) *** LISBONNE, CHRONIQUE ANECDOTIQUE (José Leitao de Barros, 1930)

Une évocation de la vie à Lisbonne, ordonnée de façon thématique, ou selon l'âge des protagonistes. Si certains plans sont documentaires (le réalisateur est aussi journaliste), certaines séquences sont interprétées par des comédiens professionnels (contrairement au film Les Hommes le dimanche, réalisé la même année à Berlin). Ce sont différents aspects de la vie quotidienne de l'époque qui sont mis en avant (même s'il y a aussi une séquence historique), au gré de saynètes parfois drôles. Accompagnement parfait par Jacques Cambra au piano...

18) *** DRÔLE DE FRIMOUSSE (Stanley Donen, 1957)

Le scénario est très hollywoodien (le mannequinat prioritaire face à la philosophie ou l'activité de libraire). Mais c'est la qualité de la direction artistique qui impressionne : la performance d'Audrey Hepburn (très star, mais avec la tête sur les épaules), les chansons des Gershwin (It's wonderful), l'effet whaou des décors et des costumes. Comme dans Sabrina, Paris est vue comme la capitale (de carte postale) de l'élégance, qui transforme Hepburn de chrysalide en papillon, même si le regard de Billy Wilder était beaucoup plus fin et sarcastique.

17) *** MAMMA ROMA (Pier Paolo Pasolini, 1962→1976) 

Mamma Roma entonne une chanson pour le mariage de Carmine, son souteneur (Franco Citti, déjà maquereau dans Accattone, le précédent film de Pasolini). Sa vie de prostituée s'achève, et sa vie de mère commence auprès d'Ettore, qu'elle n'a pas vu grandir et qu'elle va enfin retrouver. Le personnage-titre est taillé pour Anna Magnani, qui s'en donne à cœur joie en interprétant une femme qui tente d'échapper au déterminisme social. Dans une séquence, comme dans Rome, ville ouverte de Rossellini, on la voit courir après son funeste destin...

16) *** L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU (Pier Paolo Pasolini, 1965)

Première confrontation de Pasolini avec les mythes, en adaptant l'un des trois livres les plus lus au monde. Ce n'est pas le plus cinglant des films du cinéaste, l'adaptation est assez littérale : toutes les punchlines y sont, même celles dont on ne se souvenait plus qu'elles venaient de là. Les miracles sont filmés avec une simplicité biblique, dans un noir et blanc qui tranche agréablement avec les péplums hollywoodiens en Technicolor. Formellement, le cinéaste confirme son goût pour les gros plans, musicalement il convoque musique classique sacrée et blues. Le style diffère selon les scènes : celle de la crucifixion est filmée façon cinéma-vérité, caméra à l'épaule... Jésus est filmé comme un hipster révolutionnaire (mais les paroles ne sont pas toujours très cool).

15) *** LA PETITE VENDEUSE DE SOLEIL (Djibril Diop Mambety, 1999)

Deuxième segment des Histoires de petites gens (trilogie inachevée du cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambety, entamée avec Le Franc). Dans ce moyen métrage, une petite fille des rues, handicapée, va s'improviser vendeuse de « Soleil », un journal (proche du gouvernement), vendu par des garçons des rues qui voient d'un mauvais œil cette concurrence. La fable n'élude pas la dureté, mais peut aussi prendre la forme d'une comédie musicale, et est une ode au courage.

14) *** NICOLAS PHILIBERT, HASARD ET NÉCESSITÉ (Jean-Louis Comolli, 2019)

Pour le compte de l'INA, Jean-Louis Comolli, théoricien (et praticien) du cinéma, met en scène une conversation avec Nicolas Philibert autour de l'œuvre de ce dernier. L'échange est passionnant quand il permet de discuter l'éthique du cinéaste documentaire, ses qualités de regard et d'écoute. Pour qui connaît l'œuvre de Philibert, l'évocation est très parlante, mais j'espère que cela donne envie aux autres de découvrir ses plus grands films comme Le Pays des sourds, La Moindre des choses et La Maison de la radio...

13) *** NOUS ÉTIONS JEUNES (Binka Zhelyazkova, 1961)

On suit un groupe de vingtenaires, résistants bulgares face au nazisme et au fascisme, qui sacrifient leur jeunesse. Deux jeunes filles fortes : une résistante convaincue (Veska), et une jeune handicapée, voisine de Dino, l'un des membres de la cellule, et dont Veska est amoureuse. Ils doivent se faire confiance, mais ont-ils tous la même motivation ? On sent parfois l'influence de Quand passent les cigognes (Kalatozov), du néoréalisme italien (Rossellini) et du cinéma moderne naissant (Nouvelle vague). Quelques belles idées de mise en scène nocturne (cercles lumineux dessinés par des torches).

12) *** LA NUIT DU 12 (Dominik Moll, 2022)

Un carton introductif nous explique qu'il s'agit d'une affaire non résolue, de celles qui hantent pendant toute leur carrière certains enquêteurs. Ce polar, sur une jeune fille assassinée la nuit, ne se conclura pas par la résolution de l'enquête. Et pourtant Dominik Moll arrive à nous intéresser à son développement, mais aussi à d'autres aspects : sur la réalité matérielle de la police judiciaire, sur la violence genrée à l'intérieur de la société etc. Le cinéma de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien) retrouve enfin une certaine densité, un certain humour également...

11) *** CAPITAINES D'AVRIL (Maria De Medeiros, 2001)

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, l'actrice Maria De Medeiros réussit son évocation de la « révolution des œillets » qui a mis fin à la dictature portugaise en 1974. Elle choisit de ne traiter que le jour J, avec ses moments cocasses (chars s'arrêtant aux feux rouges pour ne pas faire de victimes), en laissant hors champ toute la préparation comme les conséquences. Évitant l'hagiographie comme le formalisme, elle réussit une galerie de personnages attachants. Elle donne la réplique à des interprètes internationaux (doublés en portugais) de qualité : Stefano Accorsi, Frédéric Pierrot...

10) *** MÉDÉE (Pier Paolo Pasolini, 1970)

Pasolini adapte très librement la tragédie d'Euripide. Il étire certaines séquences (cérémonie sacrificielle au début), en dédouble une autre, et inversement fait des ellipses énormes. Il réhabilite presque la figure de Médée, dont la disparition de son monde semble plus tragique que les actes qu'elle commet au nom de celui-ci, alors que le monde de Jason, désacralisé, fait pâle figure : même Argos, le navire pionnier des Argonautes, ressemble plus au radeau de la Méduse qu'à une construction épique. Cette vision est cohérente avec la critique par Pasolini du capitalisme contemporain, auquel il opposait les styles de vie antimodernes du prolétariat et sous-prolétariat italiens, avant qu'ils ne soient contaminés par la culture bourgeoise.

9) *** ACCATTONE (Pier Paolo Pasolini, 1962)

Premier film de Pasolini, inspiré par l'un de ses romans (qui avait déjà fait scandale). Les images en décors naturels sont presque documentaires sur la banlieue romaine de l'époque. Accattone montre la trajectoire d'un homme qui n'hésitait pas à mettre sa compagne sur le trottoir pour l'entretenir et lui éviter de travailler (en filigrane du film une critique de la division capitaliste du travail). Lorsqu'elle est envoyée en prison, il erre, rencontre une autre femme. Il veut reproduire avec elle le même schéma, puis évolue... L'écrivain devenu cinéaste réussit ses portraits du sous-prolétariat, notamment par son usage des gros plans, et ajoute au montage la musique de Bach, pour un effet saisissant.

8) *** MARIA DO MAR (José Leitao de Barros, 1930)

L'action prend sa source dans un village de pêcheurs (Nazaré). Un capitaine commet une erreur qui provoque la mort de plusieurs marins, dont le mari d'Aurélia, qui va se montrer impitoyable avec la famille de cet homme. Bien des années plus tard, Manuel, le fils d'Aurélia, sauve de la noyade Maria, la fille du capitaine. Malgré la haine entre les familles, les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. En 1931, José Leitao de Barros réalisera le premier film parlant portugais. Un an auparavant, l'esthétique (et le savoir-faire) du muet sied parfaitement à cette histoire. Expressivité réaliste du noir et blanc, des interprètes. Résultat plus convaincant que pour Lisbonne, chronique anecdotique (réalisée la même année par le même réalisateur, et qui ne démérite pourtant pas).

7) *** MÉLODIE EN SOUS-SOL (Henri Verneuil, 1963)

Monsieur Charles, sorti de prison, a profité de ses loisirs forcés pour peaufiner un casse sensationnel au Casino de Cannes, et n'entend pas y renoncer, au grand dam de sa femme. Il choisit Francis, jeune voyou débrouillard et sans scrupules comme homme de main... Henri Verneuil, qui a la réputation d'un bon faiseur, montre ici de réelles qualités de cinéaste. Pas seulement dans la direction d'acteurs (où le tandem Gabin-Delon fonctionne parfaitement, sans que l'un tire la couverture à lui). Pas seulement pour les scènes du casse, minutieusement exécutées. Mais dès le départ, avec des faux raccords malicieux. Et, bien sûr, à la toute fin, avec un final visuellement inattendu...

6) *** LOS EXILIADOS ROMANTICOS (Jonas Trueba, 2015)

À la fin de l'été, trois jeunes hommes espagnols partent en van sillonner la France et retrouver chacun une jeune femme avec qui ils ont vécu quelque chose. Le film est court (1h10), mais donne néanmoins le sentiment de prendre son temps (bien qu'il fut tourné à l'arrache). C'est léger, sans être superficiel. Et la grâce des comédiens et des comédiennes en fait quelque chose d'unique. On adressera une mention spéciale au troisième épisode et à la fantastique Vahina Giocante. Une pépite sans prétention, mais une pépite quand même...

5) *** SABRINA (Billy Wilder, 1955)

Sabrina, la fille timide du chauffeur des richissimes Larrabee, est éprise depuis toujours de David, l'un des fils de cette famille, qui jamais ne la remarque. Le père de Sabrina, désireux qu'elle gagne sa vie par ses propres moyens (et qu'elle oublie David) l'envoie à Paris pour apprendre l'art culinaire... Si le film joue avec les clichés et quelques invraisemblances (avec quel argent Sabrina se transforme-t-elle à la mode lors de son séjour parisien ?), il s'agit dans l'ensemble d'une comédie satirique pleine de malice (marxiste ?), et est dans le détail rempli d'un humour jamais vulgaire et d'une finesse constante. Petite baisse de rythme dans la dernière demi-heure mais la conclusion est élégante...

4) *** LES ANNÉES DE PLOMB (Margarethe Von Trotta, 1982)

L'histoire tourne autour de deux sœurs engagées pour des finalités similaires, mais pas avec les mêmes moyens : Marianne, fille sage dans l'enfance, choisit le terrorisme quand Juliane, autrefois indocile, a choisi la non-violence. Lorsque Marianne est arrêtée, elle devient un mystère obsessionnel pour sa sœur. Cette dernière va chercher à la comprendre, bien qu'elles aient des positions irréconciliables. Le film est un beau puzzle, et ne se limite pas à illustrer un scénario puissant (belle idée de mise en scène dans une scène de parloir). La cinéaste interroge la psyché de Marianne comme celle du pays tout entier, dans les décennies qui ont suivi la guerre. Avec ce film, Margarethe Von Trotta fut la première femme à recevoir un Lion d'or au Festival de Venise.

3) *** DES OISEAUX PETITS ET GROS (Pier Paolo Pasolini, 1966)

La star comique italienne Toto chez Pasolini, une présence incongrue ? Pas tant que ça (Toto y est formidable), car si le réalisateur livre une réflexion quasi désespérée, il le fait avec une puissance sarcastique, et une liberté de ton réjouissante, et ce dès le départ avec le générique chanté (sur du Ennio Morricone). L'épisode médiéval (deux ecclésiastiques chargés d'évangéliser les oiseaux) est assez inouï, et débouche sur une parabole marxiste sur la lutte des classes. Et, en fil rouge des scènes contemporaines, un corbeau qui parle (!) mais sans pouvoir agir, allégorie de l'intellectuel de gauche italien selon Pasolini...

2) **** VACANCES ROMAINES (William Wyler, 1954)

La mise en scène n'est pas aussi ostentatoire que chez Donen, mais elle sert parfaitement le merveilleux scénario basé sur une histoire signée Dalton Trumbo (pourtant blacklisté). La satire sociale est là, mais Audrey Hepburn est peut-être encore plus émouvante ici en petite fille riche prisonnière d'un pouvoir hérité (illégitime) et qui descend au moins un instant de son piédestal (une scène au début la montre explicitement peu à l'aise dans ses souliers de princesse), que dans Sabrina et Drôle de frimousse, où, socialement, elle fait une trajectoire inverse.

1) **** LES HOMMES LE DIMANCHE (Robert Siodmak, Edgar George Ulmer, 1930)

Ce sont des interprètes non professionnels qui rejouent ici leurs propres rôles, même si techniquement ce n'est pas un documentaire, et que le scénario est signé d'un débutant nommé Billy Wilder. Ce film muet s'inscrit dans le sous-courant « réaliste behaviouriste » du mouvement de la « nouvelle objectivité », né en réaction à l'expressionnisme allemand. Les réalisateurs débutants (qui feront carrière aux Etats-Unis une fois les nazis arrivés au pouvoir) s'intéressent donc aux comportements des gens tels qu'ils sont, et à leurs petits bonheurs ordinaires, par exemple lors d'un dimanche champêtre. Grace à ou malgré sa simplicité apparente, le film est rapidement fascinant, et encore rehaussé par la musique électro planante de Domenique Dumont en ciné-concert.

Version imprimable | Festival de La Rochelle | Le Lundi 25/07/2022 | 0 commentaires




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