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Festival de La Rochelle 2008

La Tribu Stévenin / Nicholas Ray / Raymond Depardon / Erich Von Stroheim / Josef Von Sternberg / Danielle Arbid / Werner Herzog / Cinéastes belges

MON FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE LA ROCHELLE 2008


20)    **    PASSE-MONTAGNE (Jean-François Stévenin, 1978)

    Dans le Jura, un parisien dont la voiture tombe en rade (Jacques Villeret) se lie d’amitié avec un garagiste (Jean-François Stévenin). Ensemble, ils cherchent plus ou moins une combe mystérieuse. N’étant pas vraiment compréhensible (avec une bande son volontairement mauvaise), le film peut frustrer. Mais on peut se laisser envoûter par son atmosphère. En tout cas, il passe mieux que Mischka, le dernier film en date du réalisateur.

19)    **    LA FORÊT INTERDITE (Nicholas Ray, 1958)

    Un professeur de sciences naturelles débarque comme garde des marais dans les Everglades. Il est rapidement confronté à un caïd local qui massacre les oiseaux pour revendre leur plumage, les plumes étant alors très à la mode dans les milieux distingués. Une sorte de western écologique, intéressant sur le papier, plutôt nunuche à l’écran. De belles images (d’oiseaux en particulier) et des bons gros sentiments ne font pas toujours les meilleurs films.

18)    **    LES AMANTS DE LA NUIT (Nicholas Ray, 1949)

    Un classique du film noir, avec trois évadés de prison qui braquent une banque. Bien sûr, au cours de leur fuite, le plus jeune d’entre eux tombe amoureux de la nièce d’un des autres. Bien sûr, ce jeune homme n’avait pas vraiment été emprisonné à bon escient. Et bien sûr, tout cela ne va pas se terminer très bien … Le premier film de Nicholas Ray n’est pas déshonorant, mais sa trame, attendue, n’a pas très bien vieilli.

17)    **    FAITS DIVERS (Raymond Depardon, 1983)

    Il s’agit de l’observation du quotidien d’un commissariat du 5è arrondissement de Paris. On y voit les pratiques des fonctionnaires de police, leurs rôles, et les situations auxquelles ils sont confrontés. Un document brut, rare (car on filme rarement ce genre de choses) et sans commentaires (les voix off sont en général proscrites chez Depardon).

16)    **    FOLIES DE FEMMES (Erich Von Stroheim, 1921)

    Un séducteur (Erich Von Stroheim) se fait passer pour un aristocrate russe pour escroquer de riches et belles monégasques. Selon les historiens du cinéma, le cinéaste a tourné 65h de rushes avant de proposer un montage d’une durée (déraisonnable) de 6h30, réduit à moins de 2h par les studios Universal. La reconstitution de Monte-Carlo est savoureuse, le film est plaisant, néanmoins on reste un peu sur sa fin. A-t-il été trop mutilé ?

15)    **    LA FUREUR DE VIVRE (Nicholas Ray, 1956)


    Drame autour d’ados rebelles des fifties. En bande (les garçons ont tous la même coiffure) et en quête d’honneur, ils jouent avec des joujoux trop grands pour eux (les automobiles). Le film a été celui d’une génération, avec les interprétations de James Dean et Natalie Wood. Aujourd’hui, cela reste un bon film, malgré une mise en scène un peu appuyée et quelques longueurs.

14)    **    MON COLONEL (Laurent Herbiet, 2006)

    Film historique autour de la confrontation entre un jeune officié juriste (Robinson Stévenin) et le colonel de sa garnison (Olivier Gourmet) pendant la guerre d’Algérie. Dénonçant les pratiques de la Grande Muette en 1956-1957, le scénario, une adaptation par Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg du roman éponyme de Francis Zamponi, est édifiant. La partie qui se déroule en 1995 paraît un peu plus artificielle, et la mise en scène est assez convenue (1995 en couleurs, 1956 en noir et blanc).

13)    ***    LA CAPTIVE DU DESERT (Raymond Depardon, 1990)


    Il s’agit presque d’un documentaire, mais avec Sandrine Bonnaire. Cette fiction a été inspirée à Depardon par sa rencontre avec Françoise Claustre, ethnologue prise en otage en 1975 par les Toubous, en révolte contre le gouvernement tchadien. Décrivant la vie de ces nomades du désert, le film est d’une grande lenteur, mais avec de beaux plans fixes, d’une grande profondeur de champ.

12)    ***    LES RAPACES (Erich Von Stroheim, 1925)


    Un film muet satirique sur l’avarice, plus de 80 ans avant There will be blood de Paul Thomas Anderson (les deux histoires n’ont rien à voir mais les deux dénouements, paroxystiques et pathétiques, ont un air de famille). Le cinéaste va loin dans la férocité. Très bien mais un peu long, encore que quatre fois plus court, selon la légende, que la première version imaginée par Stroheim (9h30…).

11)    ***    L’ANGE BLEU (Josef Von Sternberg, 1930)


    La rencontre d’un professeur autoritaire et respectable, à défaut d’être toujours respecté par ses élèves, et d’une chanteuse de cabaret. Un des premiers films parlants de Josef Von Sternberg, toujours grand créateur d’atmosphère, qui s’appuie en outre sur l’interprétation d’Emil Jannings, star du muet (acteur fétiche de Murnau), et sur la création du mythe de Marlène Dietrich.

10)    ***    QUEEN KELLY (Erich Von Stroheim, 1929)

    Le mariage de la cruelle Reine Régina et du Prince Wolfram, noceur notoire, est imminent. Peu avant la cérémonie, il croise un groupe de jeunes nonnes, parmi lesquelles la charmante Kelly. Un film muet d’une ironie et d’une audace folles, ce qui lui valut d’ailleurs quelques problèmes de production. La version projetée à La Rochelle est la plus complète possible, des photos de tournage remplaçant pour le dénouement du film les scènes perdues ou coupées. Mais les « restes » sont très bien.

9)    ***    DANS LES CHAMPS DE BATAILLE (Danielle Arbid, 2004)

    La vie d’une fille de 12 ans, Lina, et de sa famille à Beyrouth, en 1982, avec en arrière – plan la guerre (l’invasion du Sud du Liban par Israël). Mais comme cette chronique, sans doute assez autobiographique, est filmée à hauteur des yeux de Lina, les champs de bataille du titre sont aussi les dissensions au sein des membres de la famille, ironiquement contraints à la promiscuité des abris, lors des combats. Un beau film, non démonstratif.

8)    ***    RUMBA (Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy, 2008)

    Dom et Fiona forment un couple d’instituteurs passionnés de danse latino (tous les week-ends ils participent à des concours). Un soir, en voulant éviter un désespéré, ils ont un accident de voiture. Elle devient unijambiste tandis que lui est amnésique. Leur quotidien va légèrement se compliquer … Malgré le résumé qui précède, il s’agit bien d’une comédie, et parmi les meilleures. Deux ans après L’Iceberg, la fine équipe belge continue d’inventer un burlesque acrobatique et où les ombres dansent avec poésie.

7)    ***    L’ENIGME DE KASPAR HAUSER (Werner Herzog, 1975)

    Il s’agit de l’apprentissage de la vie par un jeune homme du XIXè siècle, enfermé pendant les dix-sept premières années de sa vie. Même si l’histoire est vraie, le film peut se voir comme une fable énigmatique sur la condition de l’Homme, ce curieux animal social. Toujours intrigué par les pulsions humaines, Werner Herzog préfère, à rebours d’un logicien rencontré dans le film, la description à la déduction démonstrative, laissant le spectateur libre (ou frustré, c’est selon).

6)    ***    DELITS FLAGRANTS (Raymond Depardon, 1994)


    Instruction civique : la procédure de flagrants délits filmée par Depardon, et en particulier le passage des personnes arrêtées devant le substitut du procureur. Document rare par l’autorisation exceptionnelle de tournage accordée au cinéaste, qui pourra récidiver en 2004 avec 10è chambre, Instants d’audience, le film traite de situations souvent difficiles (l’état civil des prévenus a été modifié), tout en distillant un certain humour. En effet, la théâtralité de la justice provoque des scènes de vaudeville (prévenus qui nient l’évidence) assez comiques.

5)    ***    L’ICEBERG (Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy, 2006)

    Une femme reste coincée toute une nuit dans la chambre froide d’un fast – food. Elle se prend de passion pour le froid et veut aller au Pôle. Excellent film burlesque, tendance Jacques Tati ou Otar Iosseliani, mais aussi très singulier (très belge ?). Hilarante précision des cadres dans la première partie, découpée en plans fixes. Les détails visuels font mouche. Le travail gestuel des comédiens ainsi que le caractère déphasé et attachant des personnages font le reste. Le résultat n’est ni moderne, ni démodé. Hors mode, décalé et culte. Revu avec plaisir.

4)    ****    URGENCES (Raymond Depardon, 1988)

    Dans ce documentaire, la caméra de Raymond Depardon s’immisce aux urgences psychiatriques de l’hôpital de l’Hôtel – Dieu à Paris. Sans voyeurisme, le film rend impressionnant le travail de l’équipe soignante et poignante la souffrance des patients. Formidable de justesse (et de neutralité bienveillante), un document rare et passionnant.

3)    ****    LE VIOLENT (Nicholas Ray, 1950)

    Un excellent polar noir sur un scénariste hollywoodien intransigeant mais régulièrement violent (Humphrey Bogart, parfait d’ironie et de ténèbres) qui se retrouve accusé de meurtre. Heureusement, il a un alibi : sa voisine, avec lequel il entame une liaison. Malgré sa conclusion mélancolique, sombre même, on se surprend à suivre certaines scènes avec le sourire. Un film délectable dans les moindres détails. 

2)    ****    FITZCARRALDO (Werner Herzog, 1982)

    Un aventurier irlandais, surnommé Fitzcarraldo par les Indiens, veut édifier un opéra au cœur de la forêt amazonienne, afin d’y faire chanter Caruso, son idole. Le film a un cousinage certain avec Aguirre, notamment dans les décors naturels grandioses. Sauf qu’ici, on se demande pendant assez longtemps où il veut en venir. Et puis on comprend. La dernière partie du film est irrésistible, par l’ambition follement démesurée du personnage principal (et du réalisateur). Une performance technique incroyable, démente. Comme le suggère un personnage, il faut le voir pour le croire …

1)    ****    AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU (Werner Herzog, 1972)

    En 1560, un groupe de conquistadores espagnols descend de la montagne à la recherche de l’Eldorado et de l’or des Incas. Inspiré par le journal de Gaspar de Carvajal qui décrit l’épopée authentique de Gonzalo Pizzaro, le film est magnifique dans la description des luttes au sein de la cupide équipée, la progressive prise de pouvoir de Aguirre, un mystique assoiffé de pouvoir. Presque un huis – clos, sauf que les décors naturels (montagne, fleuve), magistralement filmés, imposent leur grandeur et leur danger à la bassesse des hommes.

Version imprimable | Festival de La Rochelle | Le Jeudi 19/02/2009 | 0 commentaires




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