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Festival de La Rochelle 2007

Delphine Seyrig / John Ford / Jean-Paul Rappeneau / Markku Lehmuskallio et Anastasia Lapsui / Cinéastes iraniennes / Muets érotiques

MON FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE LA ROCHELLE 2007


24)    *    ALOÏSE (Jacqueline De Kermadec, 1975)

    L'histoire vraie d'une femme internée après la première guerre mondiale jusqu'à sa mort et qui finit par s'épanouir dans la peinture. Performance d'actrice de la toute jeune Isabelle Huppert (Aloïse avant l'internement) et de Delphine Seyrig (Aloïse ensuite). Pour le reste, un film très long et scolaire, où s'amuser à reconnaître les visages jeunes de Jacques Weber ou Michaël Lonsdale permet de tromper un peu son ennui.

23)    *    MURIEL OU LE TEMPS D'UN RETOUR (Alain Resnais, 1963)


    Chassé-croisé de personnages bavards qui ont tendance à vivre au passé. Il y a de quoi, notamment la guerre d'Algérie juste finie. Alain Resnais est sans doute un grand expérimentateur de forme, mais là l'essai ne semble pas concluant : dialogues artificiels, mise en scène un rien prétentieuse (par exemple, abus de plans très courts). Pas très convaincant.

22)    *    LA PRISONNIERE DU DESERT (John Ford, 1956)


    Western qui accumule les clichés du genre. Le personnage raciste interprété par John Wayne est à peine contesté, sauf sur le registre de « l'excès ». Les décors, en particulier la Monument Valley, sont magnifiques, mais filmés comme une carte postale (couchers de soleil, …) ou une pub pour cigarettes. La fin est discutable. Pour voir des westerns humanistes et matures, et où les décors servent au récit, mieux vaut revoir ceux d'Anthony Mann (par exemple La Porte du diable, filmé du point de vue des Indiens, ou L'Homme de la plaine).
 
21)    **    LE SOLEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE (John Ford, 1953)


    Il s'agit d'un portrait d'un juge humain et humaniste, en pleine campagne électorale, au début du XX è siècle aux Etats-Unis. Il défend notamment contre l'opinion de sa ville une femme perdue et un Noir accusé un peu vite (parce qu'il est noir). C'est évidemment sympathique, chaleureux, et bienvenu (à toutes les époques). Mais la mise en scène démonstrative atténue l'incarnation de l'histoire, et donne un coup de vieux au film.

20)    **    PRIX DE BEAUTE (Augusto Genina, 1930)

    Le film était initialement prévu en muet, avant d'être sonorisé de façon catastrophique, tant dans la post – synchronisation franchement ratée que dans la platitude des dialogues. Néanmoins, cela reste à voir, pour les images et la composition de Louise Brooks.

19)    **    LE SAUVAGE (Jean-Paul Rappeneau, 1975)


    Il s'agit d'une comédie exotique un peu inégale, comme il y en a eu un certain nombre dans les années qui suivirent (avec Pierre Richard notamment). La surprise ici vient du casting : Catherine Deneuve et Yves Montand, qui sont assez savoureux à contre – emploi.
 
18)    **    LE HUSSARD SUR LE TOIT (Jean-Paul Rappeneau, 1995)

    La devise du personnage principal, joué par Olivier Martinez, est la suivante : ne pas se laisser rattraper (par les agents autrichiens comme par le choléra). Il a appris les gestes qui sauvent auprès d'un médecin (François Cluzet) fauché lui-même par la maladie, et parvient à guérir in extremis le personnage joué par Juliette Binoche. Curieusement moins rythmé que ses comédies, le film laisserait presque de marbre !

17)    **    ANNA (Markku Lehmuskallio, Anastasia Lapsui, 1997, inédit)


    Interview d’Anna Momde, du peuple Nganasan (au nord de la Sibérie), qui figurait enfant dans un documentaire soviétique de 1954. Elle évoque, avec des regrets, son parcours de secrétaire du comité local du Parti, qui a tenté de persuader son peuple d’abandonner la toundra et son mode de vie traditionnel pour le système communiste. Intéressant, mais avec quelques longueurs …
 
16)    **    MOI, PIERRE RIVIERE, AYANT EGORGE MA MERE, MA SŒUR ET MON FRERE (René Allio, 1976)

    Il s’agit d’un drame paysan et familial qui a eu lieu en Normandie en 1835, et dont l’auteur a couché sur le papier ses explications sur son acte. Long et austère, le film est toutefois assez impressionnant, y compris dans l’interprétation des rôles principaux tenus par des non professionnels (paysans du coin).

15)    **    MISTER FREEDOM (William Klein, 1969)


    Mister Freedom est un super – héros américain, habitué à employer les grands moyens, qui tente de sauver la France des gauchistes menés par Moujik – man. Très satirique (et visionnaire), le film recèle quelques répliques savoureuses, et quelques gags hilarants. C'est un peu inégal, ça n’est pas d’une très grande finesse, mais c’est iconoclaste et culte.

14)    **    LE BERGER (Markku Lehmuskallio, Anastasia Lapsui, 2001, inédit)

    Le portrait au travail d’un berger belge, Ludo van Alpen, par ailleurs militant écologiste chez les Verts. Le caractère insolite du lieu, un grand pré le long d’un axe routier à proximité du port d’Anvers et d’une centrale nucléaire, est justifié par l’objectif de perpétuation d’une race de moutons élevés en agriculture extensive. Bien que l’on soit en terrain connu, les images de son travail sont intéressantes et moins banales que prévues.

13)    **    QU'ELLE ETAIT VERTE MA VALLEE (John Ford, 1941)


    Tourné dans la foulée des Raisins de la colère, et défendant à nouveau la dignité des humbles, le film a moins bien vieilli, à cause d'une mise en scène théâtrale et moralisatrice. Néanmoins, il reste impressionnant par sa très bonne reconstitution d'une époque, et du monde de la mine.

12)    ***    LA POMME (Samira Makhmalbaf, 1998)


    Un homme a enfermé chez lui ses deux filles pendant onze ans. Le fait divers bénéficie d'une reconstitution plaisante (assez légère malgré le sujet), grâce à quelques idées futées (à l'image de la débrouillardise des enfants) et à la justesse des interprètes, qui seraient d'ailleurs les vrais protagonistes du fait divers.

11)    ***    LAPONS (Markku Lehmuskallio, Anastasia Lapsui, 2007, inédit)

    Le dernier documentaire en date de Markku Lehmuskallio et Anastasia Lapsui interroge une dizaine de personnes sur leur identité Same (ou Lapone), ce qu'il reste de leurs racines, après avoir abandonné (pour ceux-là) le mode de vie traditionnel. Se succèdent ainsi une institutrice, une théologienne (et peintre), un pêcheur, un rappeur … Les interviews sont illustrées ou ponctuées par des plans malicieux (notamment de la forêt finlandaise).

10)    ***    LE JARDIN DES FINZI-CONTINI (Vittorio De Sica, 1971)

    Une famille juive de la grande bourgeoisie de Ferrare, aveuglée par son statut social, minimise la menace fasciste. Des images radieuses et mélancoliques (car on connaît la fin) pour illustrer le grand sujet historique comme les intrigues amoureuses ou amicales entre les personnages. Excellents jeunes interprètes, Dominique Sanda en tête.

9)    ***    LES MARIES DE L'AN II (Jean-Paul Rappeneau, 1971)

    Le deuxième film de Jean-Paul Rappeneau, datant du début des années 70, à la grande époque de Marlène Jobert et de Jean-Paul Belmondo, est une comédie de cape et d'épée, mais aussi un vaudeville historique (ça se passe pendant la Révolution française). Outre le mélange des genres et des humours, le film vaut pour sa mise en scène élégante et son rythme très soutenu.

8)    ***    4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS (Cristian Mungiu, 2007)

    Le film raconte le parcours du combattant d'une étudiante pour avorter clandestinement en Roumanie en 1987 (l'avortement ne sera autorisé qu'après 1989). Palme d'or du dernier Festival de Cannes, le film est d'une âpreté qui rappelle parfois les frères Dardenne, sans être aussi radical formellement. Excellente interprétation de Anamaria Marinca qui joue la copine de l'étudiante enceinte (le véritable personnage principal du film).
     
7)    ***    7 CHANTS DE LA TOUNDRA (Markku Lehmuskallio, Anastasia Lapsui, 2001)

    7 fictions qui racontent les croyances, le mode de vie et le destin de la communauté Nenet (lapons de Russie) au fur et à mesure des grands événements du 20è siècle. C’est le premier film tourné en langue Nenet (variante de la langue Same), puisque le théâtre (et a fortiori le cinéma) est inconnu de la culture de ce peuple. De fascinantes images en noir et blanc à la rencontre de ces hommes qui vivent dans un climat extrême.

6)    ***    LA VIE DE CHÂTEAU (Jean-Paul Rappeneau, 1966)

    Difficile de résumer ce film, sinon en disant qu'il s'agit d'un vaudeville en Normandie sous l'Occupation. En osant la légèreté, Rappeneau réussit une comédie inventive, tant par son scénario que par ses gags visuels, à la fois rythmée et élégante. Par ailleurs, Philippe Noiret trouve là assurément un de ses meilleurs rôles.

5)    ***    RETOUR EN NORMANDIE (Nicolas Philibert, 2007)

    Nicolas Philibert retrouve les protagonistes (surtout les acteurs) non professionnels du film Moi, Pierre Rivière … de René Allio, duquel il était assistant. Le documentaire peut se voir principalement (car il y a des digressions) comme un rassemblement de fragments sur le monde paysan normand en 1835, date de l'acte de Pierre Rivière, en 1975, date du tournage du film, et aujourd'hui. C'est à la fois un retour en arrière et une introduction au film d'Allio.

4)    ***    L'ANNEE DERNIERE A MARIENBAD (Alain Resnais, 1961)

    Dans un hôtel, un homme tente de persuader une femme qu'ils se sont déjà vus l'année précédente. Le style, qu’il s’agisse des mouvements de caméra, du jeu antinaturaliste des acteurs, ou de la simultanéité de deux temps dans le même plan, est impressionnant. Si on accepte les règles du jeu (un peu comme chez Lynch, mais en beaucoup moins torturé), c'est même passionnant.

3)    ****    RETOUR DE FLAMME EN RELIEF (Serge Bromberg)

    La séance permet aux spectateurs munis de lunettes adéquates de visionner d'excellents court – métrages en relief de tous les temps. Parmi les pépites, deux documentaires animaliers soviétiques spectaculaires (Parade of attraction), l'arrivée d'un train en gare de La Ciotat, par les frères Lumière … mais en 1935, une séquence magique de Méliès tournée vers 1900 (en relief accidentellement ?) ou d'inventifs court – métrages  d'animation, par exemple Motor Rhythm de Charley Bowers (1940) où une voiture s’assemble toute seule, ou l’hilarant Knick Knack de John Lasseter et Eben Otby, produit par Pixar en 1989 (le terrible destin d’un bonhomme de neige dans sa cloche, jaloux des autres bibelots).

2)    ****    LES RAISINS DE LA COLERE (John Ford, 1940)


    Adaptée du roman de Steinbeck, un road - movie social : l'exode de fermiers de l'Oklahoma vers la Californie, suite à la crise économique des années 30 et à la concentration de la propriété foncière. Mais aussi le portrait d'une famille, sur laquelle John Ford porte un regard humaniste. Aucun personnage n'est négligé, même si la mère et le pasteur qui a perdu la foi sont particulièrement impressionnants. Un grand film, politique et émouvant.

1)    ****    LES DAMNES DE L'OCEAN (Joseph Von Sternberg, 1928)

    Au court d'une escale, un marin (soutier) sauve une prostituée de la noyade. Un des sommets du cinéma muet, que ce soit dans la description des personnages et de leur milieu social, dans la représentation du désir, ou dans les atmosphères nocturnes embrumées. Un joyau, vu dans les meilleurs conditions qui soient, c’est à dire accompagné au piano par Jacques Cambra.

Version imprimable | Festival de La Rochelle | Le Jeudi 19/02/2009 | 0 commentaires




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