MON FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE LA ROCHELLE 2005
23) * XALA (Sembene Ousmane, 1975)
Peu après la décolonisation, un haut dirigeant ou homme d’affaires du pays n’arrive pas à honorer sa troisième épouse. « Cultivons notre africanité » dit-il au début à propos de la polygamie, alors que ce sont encore les blancs qui tirent les ficelles du business. Sur le papier, c’est bien. D’ailleurs, Sembene Ousmane en avait fait précédemment un roman. Beaucoup moins convaincant à l’écran, tant le film semble hésitant et maladroit (un peu trop symbolique).
22) ** RENDEZ-VOUS À BRAY (André Delvaux, 1971)
Pendant la première guerre mondiale, un pianiste non mobilisé car luxembourgeois va rejoindre un ami qui a obtenu une permission. Mais c’est une jeune femme (Anna Karina) qu’il trouve dans la mystérieuse maison de Bray. Moi qui aime beaucoup les films ouverts, je dois reconnaître que celui-ci est tellement elliptique que l’intérêt du film lui même s’est un peu évaporé.
21) ** BANDE À PART (Jean-Luc Godard, 1964)
Sûrement un film mineur pour ses adorateurs, ceux qui sont capables de supporter et d’admirer le Mépris et Pierrot le Fou. Pour ses détracteurs au contraire, un film plutôt appréciable. Si le film est truffé d’invraisemblances, quelques bonnes idées (de cinéma) : une minute de silence radicalement silencieuse, une voix off ironique et inspirée, notamment dans la séquence du Madison, et la célèbre visite - éclair du Louvre. Godard n’oublie pas de penser à ses spectateurs. A part ça, une désinvolture finale qui annonce celle du discutable Pierrot le Fou.
20) ** DIAMANTS SUR CANAPE (Blake Edwards, 1961)
Une comédie très classique, pour une fois. Holly (Audrey Hepburn) ne semble remarquer le bellâtre gominé (George Peppard), qui l’arrache à sa superficialité, que cinq minutes avant la fin du film. Scénario un peu cousu de fil blanc et limite misogyne. Happy end téléphoné. Daté, mais néanmoins sauvé de la hollywooderie cucul par les gags dont Blake Edwards a le secret.
19) ** BOIRE ET DEBOIRES (Blake Edwards, 1987)
Le nanar du Festival ? Oui certes, mais un bon nanar. Au départ, les ingrédients d’une comédie hollywoodienne idiote des années 80 : un yuppie (jeune premier bossant ici dans la finance), une certaine misogynie, une musique avec saxo sirupeux sur fond de synthés. Sauf que la Blake Edwards’ touch pervertit tout cela. Des institutions (repas d’affaires, mariage) flinguées comme il se doit. De plus, Kim Basinger, qui s’est visiblement beaucoup amusée, et Bruce Willis, auteur d’un pétage de plomb mémorable, sont très crédibles en écervelés parfaits. Théorème : il est plus amusant de voir Bruce Willis faire chier le monde que le sauver …
18) ** LA NOIRE DE ... (Sembene Ousmane, 1966)
À Dakkar, une femme noire est embauchée par un couple de blancs pour s’occuper des enfants. Le couple lui propose de les suivre dans leurs vacances à Antibes. Elle devient alors la bonne à tout faire et souffre douleur de sa maîtresse. Un peu théâtral peut-être, mais une saine dénonciation d’un esclavagisme post colonial.
17) ** CRIS ET CHUCHOTEMENTS (Ingmar Bergman, 1973)
Au 19è siècle, une femme à l’agonie, et ses deux sœurs et la servante de la maison à son chevet. Il s’agit presque d’un film d’horreur psychologique. Epouvante éprouvante. Parfois à la limite de l’artifice (on entrevoit les ficelles). Un style poussé à son paroxysme plutôt qu’à son sommet. Mais on ressort sonné du film, preuve qu’il a fonctionné …
16) ** PERSONA (Ingmar Bergman, 1966)
Une actrice, devenue muette, se fait soigner par une infirmière sur une île déserte. L’actrice simule-t-elle ? Quelle femme va dominer l’autre ? Le film a le bon goût de ne pas vraiment répondre à ces questions, et se situe donc hors clichés. Ailleurs. Mais où exactement ?
15) ** LA PANTHERE ROSE (Blake Edwards, 1963)
Inégal. Des parties meilleurs que le tout (on se fiche de l’intrigue). Parmi les réussites : le générique (qui inspira la série éponyme de dessins animés), la musique célèbrissime de Henri Mancini, la séquence irrésistible où Mme Clouseau cache deux hommes dans sa chambre. Et parmi les nombreux gags visuels, un policier au déguisement de zèbre inénarrable.
14) *** BROKEN FLOWERS (Jim Jarmusch, 2005)
Projection en avant-première du dernier film de Jim Jarmusch, Grand - Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. Sous-titre possible : « les ex - poupées américaines ». Un célibataire endurci reçoit une lettre non signée d’une de ses ex (il en avait cinq à l’époque) lui apprenant qu’il a un fils de vingt ans. Le film tient ses promesses (excellents comédiens, Bill Murray en tête, très bonne musique), mais pas plus que cela. Un peu juste pour être parmi mes préférés. Mais un film « cool » …
13) *** SONATE D’AUTOMNE (Ingmar Bergman, 1978)
Par rapport à Scènes de la vie conjugale, on sent à un ou deux moments un soupçon d’artifice, une exagération. Mais ne boudons pas notre plaisir. L’affrontement mère – fille reste très impressionnant. D’autant plus qu’il s’agit, excusez du peu, de Ingrid Bergman et Liv Ullmann.
12) *** LE PROFESSIONNEL (Dusan Kovasevic, 2002, inédit)
Film d’ouverture bis du Festival (projection improvisée suite à l’affluence trop nombreuse pour la vraie soirée d’ouverture). Une très bonne surprise. Le « professionnel » du titre est un ancien des services secrets de Milosevic, qui rencontre un des anciens adversaires du régime, devenu patron d’une maison d’édition. Farce antisoviétique doublée d’un vaudeville imbibé, le film a un faux air de The Big Lebowski revisité par Kusturica.
11) *** MOOLAADÉ (Sembene Ousmane, 2005)
Une mère de famille protège des fillettes fuyant l’excision. Une charge contre l’obscurantisme. Un récit bien conduit. Et la vie villageoise bien rendue grâce à des mouvements de caméra maîtrisés. Prenant.
10) *** UNE FEMME EST UNE FEMME (Jean-Luc Godard, 1961)
Une jeune femme (Anna Karina) veut absolument un enfant, et essaie de convaincre son fiancé (Jean-Claude Brialy) ou le meilleur ami de celui-ci (Jean-Paul Belmondo). Une comédie décontractée, dans la meilleure veine de Jean-Luc Godard à mon goût. Des personnages attachants et du cinéma pétillant, avec de nombreuses ruptures de ton (y compris au sens sonore du terme). Dommage qu’il n’ait pas fait davantage de films dans ce style là …
9) *** MY SUMMER OF LOVE (Pawel Pawlikovski, 2005)
Drôle de rencontre entre deux adolescentes anglaises. Une brune, d’un milieu aisé, qui fait du cheval, et une rousse, dont le frère tout juste sorti de prison joue les gourous pour s’offrir une rédemption. Au cours du film, les lignes bougeront un peu … Etonnant, parfois drôle, parfois cruel, et également sensuel, grâce notamment aux deux interprètes principales.
8) *** S.O.B. (Blake Edwards, 1981)
Satire au vitriol du petit monde hollywoodien. Quelques longueurs ici ou là. Il n’y a pas un personnage pour sauver l’autre. Le film flirte parfois avec le bon goût sans jamais y tomber. Des gags longs irrésistibles et féroces. Jubilatoire.
7) *** INFIDELE (Liv Ullmann, 2000)
C’est effectivement l’histoire d’une infidélité et de ses conséquences. Les personnages sont extrêmement fouillés, disséqués (scénario de Bergman). Supportable et passionnant, grâce à une mise en scène brillante et distanciée (par l’utilisation de la mise en abîme notamment). Et une actrice aussi émouvante qu’intelligente : Lena Endre.
6) **** LE VOLEUR DE BAGDAD (Michael Powell, Ludovic Berger, Tim Whelan, 1940)
Un conte perse où s’affrontent le calife déchu de Bagdad, Ahmad, accompagné d’un petit voleur débrouillard (côté clair), et son ancien vizir qui l’a détrôné, le magicien Jaffar (côté obscur), pour le trône mais surtout pour les beaux yeux de la fille du sultan voisin. Images et effets spéciaux magiques. Souffle épique, mais sans boursouflure (le récit, pourtant riche, est plié en moins de deux heures) et avec une élégance comme on n’en fait plus. Excellente surprise.
5) **** LE VOYEUR (Michael Powell, 1960)
Un photographe cameraman psychopathe qui filme ses victimes juste avant le coup fatal. Comme récemment dans la série des Scream, on voit une jeune femme poursuivie dans des décors en tocs. Mais contrairement à Wes Craven qui mélangeait le gore et la comédie second degré ado, Michael Powell mélange lui le film d’épouvante et, dans une certaine mesure, le mélo. Le tout avec une efficacité et une élégance rares.
4) **** VICTOR VICTORIA (Blake Edwards, 1982)
Un des films les plus fins de Blake Edwards. Une femme se fait passer pour un homme qui se fait passer pour une femme. Un mélange heureux de burlesque et d’ambiguïté sexuelle. Et une Julie Andrews formidable.
3) **** JOURNAL D’UNE FILLE PERDUE (Georg Wilhelm Pabst, 1929)
Un joyau du muet. Un film riche : pas un plan de trop (ce qui explique que, mutilé par la censure, il fut incompris à sa sortie). Audace du sujet, modernité du jeu de Louise Brooks, irrésistible. Et pour accompagner le film, un excellent pianiste. Indémodable et magnifique.
2) **** ROULETTE CHINOISE (Reiner Werner Fassbinder, 1976)
Au bout d’une ½ heure, sont réunis involontairement dans la même résidence secondaire le père et sa maîtresse, la mère et son amant, la fille infirme et sa tutrice muette, la servante du château et le fils de celle-ci. Un huis – clos cruel et tendu (le jeu de la roulette chinoise est un sommet). Mise en scène admirable : précision mathématique des mouvements des comédiens et de la caméra, chorégraphie des regards. Méconnu et superbe.
1) **** SCENES DE LA VIE CONJUGALE (Ingmar Bergman, 1974)
C’est peu de dire que l’on comprend l’admiration de Woody Allen à ce film et au cinéaste. Mais comment Bergman a-t-il fait pour une telle réussite ? Avec uniquement des scènes dialoguées, que des gros plans ou des plans rapprochés, le cinéaste et ses deux interprètes principaux, Liv Ullmann et Erland Josephson, livrent mille nuances dans la même scène. Un niveau d’introspection et de psychologie rarement atteint, « bigger than life » et « bigger than art ». Un chef d’œuvre absolu.
Peu après la décolonisation, un haut dirigeant ou homme d’affaires du pays n’arrive pas à honorer sa troisième épouse. « Cultivons notre africanité » dit-il au début à propos de la polygamie, alors que ce sont encore les blancs qui tirent les ficelles du business. Sur le papier, c’est bien. D’ailleurs, Sembene Ousmane en avait fait précédemment un roman. Beaucoup moins convaincant à l’écran, tant le film semble hésitant et maladroit (un peu trop symbolique).
22) ** RENDEZ-VOUS À BRAY (André Delvaux, 1971)
Pendant la première guerre mondiale, un pianiste non mobilisé car luxembourgeois va rejoindre un ami qui a obtenu une permission. Mais c’est une jeune femme (Anna Karina) qu’il trouve dans la mystérieuse maison de Bray. Moi qui aime beaucoup les films ouverts, je dois reconnaître que celui-ci est tellement elliptique que l’intérêt du film lui même s’est un peu évaporé.
21) ** BANDE À PART (Jean-Luc Godard, 1964)
Sûrement un film mineur pour ses adorateurs, ceux qui sont capables de supporter et d’admirer le Mépris et Pierrot le Fou. Pour ses détracteurs au contraire, un film plutôt appréciable. Si le film est truffé d’invraisemblances, quelques bonnes idées (de cinéma) : une minute de silence radicalement silencieuse, une voix off ironique et inspirée, notamment dans la séquence du Madison, et la célèbre visite - éclair du Louvre. Godard n’oublie pas de penser à ses spectateurs. A part ça, une désinvolture finale qui annonce celle du discutable Pierrot le Fou.
20) ** DIAMANTS SUR CANAPE (Blake Edwards, 1961)
Une comédie très classique, pour une fois. Holly (Audrey Hepburn) ne semble remarquer le bellâtre gominé (George Peppard), qui l’arrache à sa superficialité, que cinq minutes avant la fin du film. Scénario un peu cousu de fil blanc et limite misogyne. Happy end téléphoné. Daté, mais néanmoins sauvé de la hollywooderie cucul par les gags dont Blake Edwards a le secret.
19) ** BOIRE ET DEBOIRES (Blake Edwards, 1987)
Le nanar du Festival ? Oui certes, mais un bon nanar. Au départ, les ingrédients d’une comédie hollywoodienne idiote des années 80 : un yuppie (jeune premier bossant ici dans la finance), une certaine misogynie, une musique avec saxo sirupeux sur fond de synthés. Sauf que la Blake Edwards’ touch pervertit tout cela. Des institutions (repas d’affaires, mariage) flinguées comme il se doit. De plus, Kim Basinger, qui s’est visiblement beaucoup amusée, et Bruce Willis, auteur d’un pétage de plomb mémorable, sont très crédibles en écervelés parfaits. Théorème : il est plus amusant de voir Bruce Willis faire chier le monde que le sauver …
18) ** LA NOIRE DE ... (Sembene Ousmane, 1966)
À Dakkar, une femme noire est embauchée par un couple de blancs pour s’occuper des enfants. Le couple lui propose de les suivre dans leurs vacances à Antibes. Elle devient alors la bonne à tout faire et souffre douleur de sa maîtresse. Un peu théâtral peut-être, mais une saine dénonciation d’un esclavagisme post colonial.
17) ** CRIS ET CHUCHOTEMENTS (Ingmar Bergman, 1973)
Au 19è siècle, une femme à l’agonie, et ses deux sœurs et la servante de la maison à son chevet. Il s’agit presque d’un film d’horreur psychologique. Epouvante éprouvante. Parfois à la limite de l’artifice (on entrevoit les ficelles). Un style poussé à son paroxysme plutôt qu’à son sommet. Mais on ressort sonné du film, preuve qu’il a fonctionné …
16) ** PERSONA (Ingmar Bergman, 1966)
Une actrice, devenue muette, se fait soigner par une infirmière sur une île déserte. L’actrice simule-t-elle ? Quelle femme va dominer l’autre ? Le film a le bon goût de ne pas vraiment répondre à ces questions, et se situe donc hors clichés. Ailleurs. Mais où exactement ?
15) ** LA PANTHERE ROSE (Blake Edwards, 1963)
Inégal. Des parties meilleurs que le tout (on se fiche de l’intrigue). Parmi les réussites : le générique (qui inspira la série éponyme de dessins animés), la musique célèbrissime de Henri Mancini, la séquence irrésistible où Mme Clouseau cache deux hommes dans sa chambre. Et parmi les nombreux gags visuels, un policier au déguisement de zèbre inénarrable.
14) *** BROKEN FLOWERS (Jim Jarmusch, 2005)
Projection en avant-première du dernier film de Jim Jarmusch, Grand - Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. Sous-titre possible : « les ex - poupées américaines ». Un célibataire endurci reçoit une lettre non signée d’une de ses ex (il en avait cinq à l’époque) lui apprenant qu’il a un fils de vingt ans. Le film tient ses promesses (excellents comédiens, Bill Murray en tête, très bonne musique), mais pas plus que cela. Un peu juste pour être parmi mes préférés. Mais un film « cool » …
13) *** SONATE D’AUTOMNE (Ingmar Bergman, 1978)
Par rapport à Scènes de la vie conjugale, on sent à un ou deux moments un soupçon d’artifice, une exagération. Mais ne boudons pas notre plaisir. L’affrontement mère – fille reste très impressionnant. D’autant plus qu’il s’agit, excusez du peu, de Ingrid Bergman et Liv Ullmann.
12) *** LE PROFESSIONNEL (Dusan Kovasevic, 2002, inédit)
Film d’ouverture bis du Festival (projection improvisée suite à l’affluence trop nombreuse pour la vraie soirée d’ouverture). Une très bonne surprise. Le « professionnel » du titre est un ancien des services secrets de Milosevic, qui rencontre un des anciens adversaires du régime, devenu patron d’une maison d’édition. Farce antisoviétique doublée d’un vaudeville imbibé, le film a un faux air de The Big Lebowski revisité par Kusturica.
11) *** MOOLAADÉ (Sembene Ousmane, 2005)
Une mère de famille protège des fillettes fuyant l’excision. Une charge contre l’obscurantisme. Un récit bien conduit. Et la vie villageoise bien rendue grâce à des mouvements de caméra maîtrisés. Prenant.
10) *** UNE FEMME EST UNE FEMME (Jean-Luc Godard, 1961)
Une jeune femme (Anna Karina) veut absolument un enfant, et essaie de convaincre son fiancé (Jean-Claude Brialy) ou le meilleur ami de celui-ci (Jean-Paul Belmondo). Une comédie décontractée, dans la meilleure veine de Jean-Luc Godard à mon goût. Des personnages attachants et du cinéma pétillant, avec de nombreuses ruptures de ton (y compris au sens sonore du terme). Dommage qu’il n’ait pas fait davantage de films dans ce style là …
9) *** MY SUMMER OF LOVE (Pawel Pawlikovski, 2005)
Drôle de rencontre entre deux adolescentes anglaises. Une brune, d’un milieu aisé, qui fait du cheval, et une rousse, dont le frère tout juste sorti de prison joue les gourous pour s’offrir une rédemption. Au cours du film, les lignes bougeront un peu … Etonnant, parfois drôle, parfois cruel, et également sensuel, grâce notamment aux deux interprètes principales.
8) *** S.O.B. (Blake Edwards, 1981)
Satire au vitriol du petit monde hollywoodien. Quelques longueurs ici ou là. Il n’y a pas un personnage pour sauver l’autre. Le film flirte parfois avec le bon goût sans jamais y tomber. Des gags longs irrésistibles et féroces. Jubilatoire.
7) *** INFIDELE (Liv Ullmann, 2000)
C’est effectivement l’histoire d’une infidélité et de ses conséquences. Les personnages sont extrêmement fouillés, disséqués (scénario de Bergman). Supportable et passionnant, grâce à une mise en scène brillante et distanciée (par l’utilisation de la mise en abîme notamment). Et une actrice aussi émouvante qu’intelligente : Lena Endre.
6) **** LE VOLEUR DE BAGDAD (Michael Powell, Ludovic Berger, Tim Whelan, 1940)
Un conte perse où s’affrontent le calife déchu de Bagdad, Ahmad, accompagné d’un petit voleur débrouillard (côté clair), et son ancien vizir qui l’a détrôné, le magicien Jaffar (côté obscur), pour le trône mais surtout pour les beaux yeux de la fille du sultan voisin. Images et effets spéciaux magiques. Souffle épique, mais sans boursouflure (le récit, pourtant riche, est plié en moins de deux heures) et avec une élégance comme on n’en fait plus. Excellente surprise.
5) **** LE VOYEUR (Michael Powell, 1960)
Un photographe cameraman psychopathe qui filme ses victimes juste avant le coup fatal. Comme récemment dans la série des Scream, on voit une jeune femme poursuivie dans des décors en tocs. Mais contrairement à Wes Craven qui mélangeait le gore et la comédie second degré ado, Michael Powell mélange lui le film d’épouvante et, dans une certaine mesure, le mélo. Le tout avec une efficacité et une élégance rares.
4) **** VICTOR VICTORIA (Blake Edwards, 1982)
Un des films les plus fins de Blake Edwards. Une femme se fait passer pour un homme qui se fait passer pour une femme. Un mélange heureux de burlesque et d’ambiguïté sexuelle. Et une Julie Andrews formidable.
3) **** JOURNAL D’UNE FILLE PERDUE (Georg Wilhelm Pabst, 1929)
Un joyau du muet. Un film riche : pas un plan de trop (ce qui explique que, mutilé par la censure, il fut incompris à sa sortie). Audace du sujet, modernité du jeu de Louise Brooks, irrésistible. Et pour accompagner le film, un excellent pianiste. Indémodable et magnifique.
2) **** ROULETTE CHINOISE (Reiner Werner Fassbinder, 1976)
Au bout d’une ½ heure, sont réunis involontairement dans la même résidence secondaire le père et sa maîtresse, la mère et son amant, la fille infirme et sa tutrice muette, la servante du château et le fils de celle-ci. Un huis – clos cruel et tendu (le jeu de la roulette chinoise est un sommet). Mise en scène admirable : précision mathématique des mouvements des comédiens et de la caméra, chorégraphie des regards. Méconnu et superbe.
1) **** SCENES DE LA VIE CONJUGALE (Ingmar Bergman, 1974)
C’est peu de dire que l’on comprend l’admiration de Woody Allen à ce film et au cinéaste. Mais comment Bergman a-t-il fait pour une telle réussite ? Avec uniquement des scènes dialoguées, que des gros plans ou des plans rapprochés, le cinéaste et ses deux interprètes principaux, Liv Ullmann et Erland Josephson, livrent mille nuances dans la même scène. Un niveau d’introspection et de psychologie rarement atteint, « bigger than life » et « bigger than art ». Un chef d’œuvre absolu.
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