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Des films de la rentrée et quelques rattrapages

  • Bien : Faute d'amour (Andreï Zviaguintsev), La Vengeresse (Bill Plympton, Jim Lujan), Petit paysan (Hubert Charuel), Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi), L'Atelier (Laurent Cantet), Nos années folles (André Téchiné), Téhéran tabou (Ali Soozandeh), Laissez bronzer les cadavres (Hélène Cattet, Bruno Forzani), Les Proies (Sofia Coppola), Une vie violente (Thierry De Peretti)
  • Pas mal : Le Jeune Karl Marx (Raoul Peck), L'Assemblée (Mariana Otero), Blade runner 2049 (Denis Villeneuve), Ôtez-moi d'un doute (Carine Tardieu), Gabriel et la montagne (Fellipe Barbosa), Le Maître est l'enfant (Alexandre Mourot), Barbara (Mathieu Amalric), Valérian et la cité des mille planètes (Luc Besson), Good time (Josh et Benny Safdie), Jeannette (Bruno Dumont)
  • Bof : The Party (Sally Potter)

FAUTE D'AMOUR (Andreï Zviaguintsev, 20 sep) LLL
Boris et Genia sont en plein divorce et se détestent. Ils ont trouvé chaussure à leur pied chacun de leur côté. La victime collatérale c'est Aliocha, leur fils de 12 ans, qu'ils négligent. Un jour, ce dernier fugue... Le synopsis aurait pu tout aussi bien donner une sorte de comédie grinçante, mais Andreï Zviaguintsev lorgne plutôt vers Bergman. Comme dans Scènes de la vie conjugale, la description d'un couple qui a mal tourné et où s'est installée la rancoeur est impressionnante. Mais Andreï Zviaguintsev a son propre style. Même si la recherche de l'enfant fait évoluer le film vers une sorte de thriller un peu plus attendu, la composition des plans est d'une précision glaçante (en témoigne une séquence poignante tournée dans la salle de bains). La mise en scène permet de donner à l'oeuvre un ton moraliste mais pas moralisateur. Prix du jury au festival de Cannes, récompense un peu étroite pour l'une des plus belles réussites du cinéaste.

LA VENGERESSE (Bill Plympton, Jim Lujan, 5 avr) LLL
Face-de-Mort, ancien catcheur devenu sénateur, lance quatre chasseurs de prime sur la piste de la jeune Lana, pour récupérer un objet compromettant qu'elle lui a dérobé. Un gang de motards part également à ses trousses. C'est le début de ce cartoon déjanté (fortement déconseillé aux enfants). C'est une sorte de thriller sous acide, sous influence des frères Coen ou des premiers Tarentino. Le scénario de Jim Lujan est certes bien structuré (ce qui n'est pas forcément le cas de toutes les oeuvres de Bill Plympton), mais n'empêche pas le film d'être imprévisible, agité, mené à tombeau ouvert, débordant de personnages impayables, par exemple l'un des chasseurs de primes, sorte de nabot à lunettes secondé à distance par sa vieille maman, ou encore une secte aussi ridicule que dangereuse. Dans son genre, une satire relevée de l'Amérique profonde (voire de Trump), et un des films les plus frappadingues et réjouissants de l'année.

PETIT PAYSAN (Hubert Charuel, 30 aou) LLL
Pierre est un (plus si) jeune éleveur, qui reprend la ferme de ses parents. Rien ne compte plus pour lui que ses vaches laitières. Lorsqu'il découvre qu'une de ses bêtes est infectée par l'épidémie qui vient de se déclarer, il fait le tout pour le tout pour sauver son exploitation... Hubert Charuel, fils d'agriculteurs, aurait pu prendre la suite de ses parents, ou tourner un documentaire, mais il a choisi la fiction. Certes, la vie quotidienne de Pierre est décrite avec forces détails, et Swann Arlaud l'interprète avec un travail de composition impressionnant, mais le film lorgne moins vers le naturalisme que vers le thriller existentiel. La tension est remarquable, alors même qu'on sait bien plus ou moins dans quelle direction on se dirige. Les femmes n'ont pas forcément beaucoup de scènes, mais existent instantanément dès qu'elles apparaissent à l'écran (mention spéciale à la soeur vétérinaire interprétée par Sara Giraudeau, toute en subtilité).

DANS UN RECOIN DE CE MONDE (Sunao Katabuchi, 6 sep) LLL
Sur le papier, quand on associe film d'animation japonais et horreur de la guerre et de la bombe atomique, vient tout de suite en tête Le Tombeau des lucioles d'Isao Takahata (1988 au Japon, 1996 en France). Et pourtant, on ne pense jamais à cette référence intimidante lorsque l'on découvre Dans un recoin de ce monde. En effet, le style et le traitement sont très différents. Sur le fond, d'une certaine manière, la structure du film aurait plus à voir avec Voyage au bout de l'enfer, car le film prend le temps de développer avant le drame une histoire romanesque (sur une jeune fille, Suzu, passionnée par le dessin, mariée de force et qui doit s'intégrer dans sa belle-famille). On peut penser également au cinéma japonais classique et à Ozu en particulier dans la description de la vie quotidienne et des rapports familiaux. Sur la forme, il faut un peu s'accrocher au début pour le spectateur occidental (abondance de dialogues, rapidité du montage), mais le style épuré des dessins fait merveille.

L'ATELIER (Laurent Cantet, 11 oct) LLL
Pendant l'été 2016, à La Ciotat, une demi-douzaine de jeunes ont choisi pour stage d'insertion sociale un atelier d'écriture, où ils tentent d'écrire un roman policier avec l'aide d'Olivia, une romancière reconnue. L'intrigue du roman doit se situer dans cette ville chargée d'histoire (notamment par les chantiers navals fermés depuis 25 ans). Antoine, l'un des jeunes, traversé par une violence pas toujours contenue, ne l'entend pas ainsi. Intriguée, Oliva va de plus en plus s'intéresser à lui... Le cinéaste n'a pas son pareil pour filmer les rapports complexes entre individus et groupes. Les scènes de travail sont aussi vivaces que celles de Entre les murs (même si elles sont plus posées : les stagiaires sont plus âgés et volontaires, le rapport avec la formatrice n'est donc pas le même). Dans la dernière partie, il y a une ou deux scènes moins crédibles, même si elles sont validées a posteriori par celles qui suivent...

NOS ANNEES FOLLES (André Téchiné, 13 sep) LLL
Après plus de deux ans dans les tranchées de 1914-1918, Paul n'en peut plus, déserte et rejoint son épouse Louise. Pour le cacher, cette dernière a l'idée de le travestir. Ainsi, Paul devient Suzanne. Réticent au départ, Paul prend de plus en plus de plaisir à cette transformation, à laquelle il entend continuer à s'adonner, même après la fin de la guerre... L'histoire est véridique, et Paul prend lui-même part à un spectacle de cabaret qui la raconte, et que Téchiné nous montre en fil rouge. Certaines critiques ont été tièdes, alors que le film ne l'est pas vraiment, confirmant le regain de forme du cinéaste amorcé avec Quand on a 17 ans. Sa mise en scène n'est pas formaliste, plutôt elliptique, et bénéficie à plein du fait que les personnages n'arrêtent pas d'évoluer. Côté interprétation, Pierre Deladonchamps assure, tandis que Céline Sallette, dans un rôle aux antipodes de celui qu'elle tenait dans Corporate, confirme une présence singulière et une personnalité très affirmée...

TEHERAN TABOU
(Ali Soozandeh, 4 oct) LLL
Ali Soozandeh est né en Iran, mais vit en Allemagne depuis plus de 20 ans. Dans ce premier film, choral, il fait entrecroiser le destin de plusieurs personnages (une prostituée également mère célibataire, un jeune homme en quête d'argent pour payer une opération de reconstruction d'hymen, un juge coranique redoutable mais corruptible etc...). Le réalisateur nous montre la vie à Téhéran comme on l'a rarement vue, c'est-à-dire sous l'angle de la sexualité, forcément dissimulée et en contradiction avec les pouvoirs religieux. Formellement, le cinéaste a eu recours au procédé de la rotoscopie, c'est-à-dire une technique d'animation à partir de prises de vues réelles (comme Valse avec Bachir de Ari Folman ou Aloïs Nebel de Tomas Lunak). Ce choix, qui a permis d'éviter que les interprètes soient inquiété-e-s par les mollahs, a aussi été payant pour concilier un fond naturaliste avec une véritable recherche formelle et esthétique.

LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES (Hélène Cattet, Bruno Forzani, 18 oct) LLL
Rhino et ses hommes ont fomenté l'attaque d'un fourgon blindé rempli de lingots d'or. Ils préparent leur fuite dans un village abandonné de Corse. Mais l'arrivée inopinée d'une femme qui a kidnappé son propre fils puis de deux policiers vont contrecarrer leurs plans... Adapté d'un roman de Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid, le film est un certes un polar, mais ultrastylisé. Le fond (entrelacs de règlements de compte autour du magot) compte moins que la forme : une galerie de trognes (dont un personnage féminin étonnant, sorte de prêtresse anar interprétée par Elina Löwensohn), de la violence certes, mais jamais complaisante (elle ne fait pas envie), extrêmement fragmentée, un usage de très gros plans, quelques morceaux d'Ennio Morricone... Le tout est une sorte d'hommage expérimental à un certain cinéma italien des années 1970. Une curiosité pour amateurs-trices d'expérience originale.

LES PROIES (Sofia Coppola, 23 aou) LLL
Dans le Sud américain profond, alors que s'éternise la guerre de Sécession, un soldat nordiste blessé trouve refuge dans un internat de jeunes filles isolé... Le film arrive lesté de plusieurs polémiques : dans le roman de Thomas Cullinan dont il est inspiré, une ou plusieurs des jeunes filles sont noires (mais Sofia Coppola affirme n'avoir pris que des comédiennes blanches pour ne pas multiplier les problématiques traitées), et la première adaptation, signée Don Siegel, serait meilleure (avec un Clint Eastwood plus charismatique que Colin Farrell). Ne connaissant ni le roman ni la première adaptation, je suis allé voir Les Proies comme s'il s'agissait d'un nouveau film original de Sofia Coppola, et il est assez appréciable. La cinéaste place son point de vue du côté des femmes. L'ambiance, le style, ne sont pas sans rappeler Virgin suicides, son excellent premier film, mais les personnages ont davantage de ressources pour se défendre. Une évolution intéressante...

UNE VIE VIOLENTE (Thierry De Peretti, 9 aou) LLL
Stéphane (Jean Michelangeli, très bien), Bastiais exilé à Paris, apprend l'assassinat d'un ami d'enfance et doit revenir en Corse. Le film est ensuite un long flash-back sur son itinéraire, qui le voit passer de la petite bourgeoisie cultivée à la radicalité politique (nationaliste) puis à la clandestinité. Pour son second long métrage, Thierry de Peretti (dont je n'avais pas beaucoup aimé Les Apaches) change de dimension et construit une sorte de fresque, qui n'explicite pas tout. On comprend que des fractions nationalistes plus ou moins d'inspiration marxiste sont confrontées à des organisations gangrénées par la mafia, et que le ministère de l'Intérieur a tendance à laisser faire cette dernière pour que les nationalistes s'éliminent entre eux... Mais c'est avant tout une histoire d'hommes et d'initiation, tournée en plan-séquences, où les échanges verbaux priment sur les scènes d'action, rares mais glaçantes...

LE JEUNE KARL MARX (Raoul Peck, 27 sep) LL
En 1844, Karl Marx, jeune plumitif censuré en Allemagne, s'exile à Paris avec sa femme Jenny. Ils y rencontrent Friedrich Engels, le fils révolté d'un riche industriel du textile. Rapidement, ils vont travailler à la même cause, bousculer les philosophies politiques de l'époque, et travailler à unifier à l'échelle internationale les mouvements ouvriers naissants, jusqu'à rédiger ensemble un texte de référence, le Manifeste du parti communiste, publié en 1848. Raoul Peck utilise la fiction pour dépoussiérer et réhabiliter la figure de Karl Marx, que le grand public associe parfois à la tragédie du stalinisme (ce qu'on peut trouver discutable et anachronique, vaste débat). L'entreprise pédagogique reste néanmoins limitée, par exemple sur les différentes conceptions du matérialisme, alors que dans son film précédent (I am not your Negro) il avait su donner une forme cinématographique aux écrits de James Baldwin. L'interprétation est ardente et compense une mise en scène assez illustrative.

L'ASSEMBLEE (Mariana Otero, 18 oct) LL
Le 31 mars 2016, Mariana Otero est venue en tant que citoyenne manifester contre la loi travail n°1 et à la première occupation nocturne de la Place de la République. Le lendemain, elle est revenue avec sa caméra. Rapidement, elle s'est plus particulièrement intéressée à la commission chargée de la démocratie et des modalités de tenue des assemblées générales de Nuit debout. Elle retrouve ce désir de construction collective qui ne nie pas les singularités individuelles (méprisées par l'oligarchie), thème qui était déjà au coeur de la réflexion et de l'éthique de la cinéaste de Entre nos mains. Filmé sans préparation au préalable, monté de façon relativement chronologique, le documentaire souffre d'un manque de ligne directrice et parlera d'abord et surtout aux citoyens engagés. Mais en même temps, il permet quand même de réduire à néant les mauvais procès instruits à l'époque par les médias dominants...

BLADE RUNNER 2049 (Denis Villeneuve, 4 oct) LL
Je ne dirai rien de l'intrigue, parce que la progression du film est assez lente, et qu'il ne faut pas laisser deviner les coups de théâtre. L'action est située trente ans après celle du film initial de Ridley Scott, et le personnage principal est un nouveau "Blade runner", interprété par Ryan Gosling. Ce n'est donc pas vraiment une suite (même s'il vaut mieux connaître le premier pour apprécier les réminiscences). Le nouveau scénario n'a ni la force ni la simplicité de celui de Philip K. Dick. Visuellement, le film tente d'intégrer à sa science-fiction les aspects réalité virtuelle/réalité augmentée, en imaginant par exemple une hologramme avenante capable de sentiments... Les décors presque abstraits et certaines scènes savamment étirées peuvent faire penser dans le meilleur des cas au Stalker de Tarkovski, sans en avoir la même puissance. Intéressant, mais pas renversant.

ÔTEZ-MOI D'UN DOUTE (Carine Tardieu, 6 sep) LL
Erwann (François Damiens), un démineur breton, apprend que son père n'est pas son géniteur. Par le biais d'une détective privée, il retrouve ce dernier qui n'est autre que le père de la toubib (Cécile de France) qu'il vient de rencontrer et pour laquelle il est en train de craquer... Résumé comme cela, ça pourrait être une comédie romantique. Or Carine Tardieu réalise plutôt une comédie dramatique qui interroge et fait la part belle aux liens familiaux. Après La tête de maman et Du vent dans mes mollets, elle garde un ton qui n'appartient qu'à elle. L'excellence de l'interprétation (mention à André Wilms en géniteur présumé et à Alice de Lencquesaing en jeune femme enceinte de père inconnue) donne de la chair à un scénario parfois sur-écrit ou à la limite du sentimentalisme. Un film très touchant malgré ses défauts.

GABRIEL ET LA MONTAGNE (Fellipe Barbosa, 30 aou) LL
Dès le début du film, Gabriel, un jeune étudiant issu de la bourgeoisie brésilienne, est retrouvé mort sur le flanc du mont Mulanje, au Malawi. Le film raconte ensuite les deux derniers mois de son tour du monde, passés en Afrique. Il est divisé en chapitres (un par pays traversé). Le fait divers est réel, et à l'exception des personnages de Gabriel et de sa petite amie, tous les autres rôles sont tenus par les vrais protagonistes. Gabriel a le contact facile, mais a en même temps des côtés horripilants : il garde en lui des idées toutes faites (l'Afrique aurait besoin de "développement" grâce aux apports de l'Occident et l'Etat ne devrait avoir qu'un rôle de régulateur dans l'économie, ce que conteste sa copine), il n'écoute personne... De ce fait, l'émotion qui devrait naître de sa disparition qu'on sait imminente est plus limitée que s'il s'était agi d'un étudiant qui se transformait au contact des autres cultures. Mais c'est peut-être le prix de l'honnêteté du film...

LE MAÎTRE EST L'ENFANT (Alexandre Mourot, 27 sep) LL
Le réalisateur est un jeune papa se posant beaucoup de questions en matière d'éducation. Il filme des enfants de 3 à 6 ans dans une école maternelle Montessori de Roubaix. Dans le prolongement de Révolution école 1918-1939 de Joanna Grudzinska, il nous fait mieux comprendre la méthode et les fondements de la célèbre pédagogue, dont certains textes lus en voix off semblent commenter telle ou telle scène qu'on observe à l'écran. Le film insiste sur les capacités de concentration de l'enfant à cet âge, si on compose un espace adapté autour de lui et si l'activité ne lui est pas imposée, sur le fait que l'adulte doit être le plus discret possible, pour que les enfants soient les plus actifs possibles, les plus grands ayant le droit d'aider les plus petits. En revanche, on ne saura rien de cette pédagogie à l'âge supérieur (école primaire) ni pourquoi l'Education nationale se montre si réticente à intégrer ces méthodes dans le cursus public.

BARBARA (Mathieu Amalric, 6 sep) LL
Une actrice s'apprête à jouer Barbara, et tente de s'imprégner du personnage. Son réalisateur aussi, par ses rencontres, par le travail d'archives... Dans le débat entre classicisme et modernité qui anime parfois les cinéphiles, Mathieu Amalric a clairement choisi la seconde, au risque de limiter le potentiel populaire du film. Vent debout contre les formes convenues du biopic, il arpente la voie, souvent empruntée également, de la mise en abyme. Ici, pas d'intrigue clairement établie, mais une sorte de fusion progressive entre Jeanne Balibar, Brigitte (l'actrice qui répète le rôle de Barbara) et bien sûr Barbara elle-même. Film impressionniste pour les uns, superficiel pour d'autres, en réalité interessant mais un peu vain, ne pouvant réaliser avec une réelle modernité, celle, intemporelle, de la chanteuse.

VALERIAN ET LA CITE DES MILLE PLANETES (Luc Besson, 26 juil) LL
Je n'attendais pas grand chose de ce film de Luc Besson. J'avais vu à la télé le précédent, Lucy (2014), un récit fantastique qui brodait sur le fait que les êtres humains n'utilisaient pleinement que 10 à 15 % de leurs capacités cérébrales. Le problème, c'est que Luc Besson n'utilisait que 10 à 15 % des capacités du cinéma (et ce n'était pas un problème de moyens financiers). Ici, cette adaptation d'une célèbre BD des années 1970 tient la route (après un petit temps d'acclimatation). On prend un certain plaisir enfantin à suivre l'histoire. Ce qui frappe, en revanche, c'est l'absence totale de réflexion politique sous-jacente. Cela reste donc assez mineur par rapport aux films de James Cameron ou même à la saga Star Wars (dont je ne suis pas spécialiste). Quant à Laureline, la coéquipière de Valérian, elle est inélégamment effacée du titre...

GOOD TIME (Josh et Benny Safdie, 13 sep) LL
Connie est un petit délinquant du quartier du Queens à New York. Un jour, avec son frère handicapé mental, il braque une banque, mais le hold up tourne court. Il réussit à échapper à la police, mais son frère est arrêté. Connie refuse de l'abandonner à son sort. Le film est une sorte d'odyssée nocturne dans les bas-fonds new-yorkais. Les frères Safdie se mettent avec empathie dans les pas de Connie (interprété par Robert Pattinson, une nouvelle fois méconnaissable après The Lost city of Z). Si on suit cette cavale avec intérêt, le film est moins stylisé que ceux de James Gray (justement), une sobriété à double tranchant car le film risque de se dissiper assez vite dans la mémoire...

JEANNETTE (Bruno Dumont, 6 sep) LL
Deux moments de l'enfance et de l'adolescence de Jeanne d'Arc, racontés par Bruno Dumont dans un film musical, voilà un projet original. Le résultat est mitigé : il y a une vraie inventivité et audace dans les chorégraphies (c'est amusant de voir des personnages du XVè siècle faire des headbang, ces mouvements de tête des métalleux) dues notamment à Philippe Découflé, accompagnant la musique mi-électronique mi-rock d'Igorr. Mais en dehors de certaines séquences musicales, le film laisse perplexe : les interprètes récitent leur texte (inspiré de Charles Péguy), la direction artistique laisse songeuse (pourquoi ne montrer la campagne autour de Domrémy que baignée de soleil ?). Finalement c'est un geste fort en théorie mais le résultat est assez désincarné.

THE PARTY (Sally Potter, 13 sep) L
En Grande-Bretagne, l'ambitieuse Janet vient d'être nommée ministre de la Santé d'opposition (la traduction est imprécise, il pourrait s'agir d'un poste dans le shadow cabinet du parti travailliste). Elle organise un dîner avec son époux et leurs proches. Le huis-clos va virer au jeu de massacre. Pour servir cette situation théâtrale, Sally Potter a fait appel à une distribution impressionnante (Kristin Scott Thomas, Timothy Spall, Patricia Clarkson, Bruno Ganz, Emily Mortimer, Cilian Murphy...). Malheureusement, le résultat est très artificiel, et trop superficiel pour qu'on y croit vraiment, malgré certains dialogues parfois saillants.

Version imprimable | Films de 2017 | Le Vendredi 20/10/2017 | 0 commentaires




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