Un premier petit instantané d'humeur cinéphage. Je viens de passer dix jours au 42è festival international du film de La Rochelle (le 13è pour moi), à la programmation toujours touffue. Exigence et ouverture à la fois (les deux ne sont évidemment pas incompatibles). Et convivialité : ici comme ailleurs radicalité et aménité se conjuguent bien.
"Ici et ailleurs" : c'est l'intitulé d'une sélection de films en avant-première. J'en ai vu quelques uns qui m'ont tous plu. J'y reviendrai évidemment ultérieurement.
Radicalité, aménité donc. Et solidarité. Les intermittents du spectacle sont intervenus en préambule de la soirée d'ouverture.
Tout au long du festival certaines projections étaient précédés de court-métrages militants de soutien à la lutte, qui continue.
Convivialité : pas de tapis rouge ni de compétition. Festivaliers en shorts et chapeaux. La seule chose qui distingue le festivalier du vacancier ordinaire sur le Vieux Port, c'est qu'au bout de dix jours le premier aura les yeux un peu cernés et les jambes guère bronzées, même au soleil rouge des muets soviétiques à l'honneur cette année, alors que le second sera plus bronzé, plus reposé (à peine déçu par la défaite en coupe de monde de balle au pied...).
Et puis retour à Lille, où je rattrape le dernier Guédiguian avant qu'il ne disparaisse précocément de l'affiche.
"Au fil d'Ariane" est un tout petit Guédiguian. Modeste, le générique annonce d'ailleurs une "fantaisie". Guédiguian serait-il revenu aux temps des "contes de l'Estaque" ?
Mais, contrairement à la chanson (qu'on n'entendra pas), "Il [ne] pleut [pas] sur Marseille", alors qu' "Il a plu sur le grand paysage d'Alexis Droeven" (intéressant hommage au rare cinéaste belge Jean-Jacques Andrien à La Rochelle, dont la fiction "Le grand paysage d'Alexis Droeven" et le documentaire récent "Il a plu sur le grand paysage").
Pendant un bon premier tiers du film, le nouvel opus de Guédiguian semble être une purge. Il revisite son Panthéon personnel, où opéra rime avec Jean Ferrat (et en plus c'est vrai !), mais rien ne fonctionne vraiment. Même les interprétations d'Ascaride et Darroussin ne sont guère convaincantes.
Et puis, alors qu'on ne s'y attendait plus, la deuxième moitié du film est "embarquante", au sens propre et au sens figuré (si tant est que cet adjectif existe, bien sûr).
Mineur, le film pourrait constituer un très bon bonus à l'excellent "Robert sans Robert", où Bernard Sasia, monteur de la quasi-totalité des films de Guédiguian, et Clémentine Yelnik, s'amusaient comme des fous à voyager joyeusement en "Guédiguianie"...
En bref, j'aurai commencé cette décade dans les pas de la "Bande de filles" de Céline Sciamma (son 3è film, presque aussi réussi que les deux premiers, "Naissance des pieuvres" et "Tomboy", si ce n'est la musique trop envahissante de Para One) pour la finir dans le "rêve générale" d'Ariane, sous le regard bienveillant d'une sage tortue (eh oui, et, cerise rouge sur le gâteau qui ne peut plus croître, au détour d'un dialogue dans la bouche de Jacques Boudet, Robert Guédiguian critique la croissance !).
Si l'on considère que les muets soviétiques ont été programmés par la cinémathèque de Toulouse, on pourrait donc résumer ces vacances en cinéma par un vieux refrain marabout-bout-d'ficelle de Jad Wio :
"Cinémathèque/Take me away/Ouais t'as raison/Zombie à tort/ A tortue/Tu crois rêver" (Fleur de Métal)
[Et comme dit Clotilde Courau dans "Le Poulpe" de Guillaume Nicloux : "Vous la suivez vraiment mon histoire ?"]
A bientôt...
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